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Comment protéger la biodiversité avec les sciences participatives ?

Publié le 04 mai 2021 , mis à jour le 04 février 2022

Alors que la majorité de la population est sensible aux enjeux de la biodiversité, seuls 4 % des Français connaissent les sciences participatives1. Elles sont pourtant la meilleure porte d’entrée pour découvrir la nature, tout en aidant les scientifiques et chercheurs à mener leurs études. En recueillant des données pour eux, chacun contribue à mettre en lumière l’effondrement de nombreuses espèces d’oiseaux, d’insectes…,  ou des problèmes de pollutions, de réductions d’habitats... et à trouver des solutions. 

Les sciences participatives : de quoi parle-t-on exactement ?

L’enjeu des sciences participatives est de produire un maximum de données sur les interactions d’une espèce ou d’un phénomène naturel dans son environnement. Quels que soient notre âge, notre lieu de vie et notre niveau de connaissances naturalistes, nous sommes tous de potentiels observateurs très utiles à la recherche scientifique. Pourquoi ? Parce que les programmes d’observation proposés au grand public se révèlent particulièrement propices à un suivi sur un temps long. Recueillir des informations collectées par diverses populations, sur de longues périodes dans un périmètre géographique étendu permet de pallier le manque de temps et de moyens humains des chercheurs scientifiques pour mener des études à grande échelle.  C’est bien cet effet de masse des données qui importe, car il ajoute aux différents travaux de précieux éléments mobilisables pour faire évoluer la connaissance scientifique.

Mais comment devenir un vigie de la biodiversité sans aucune connaissance naturaliste ?

Concrètement, les citoyens mènent sur le terrain leurs observations selon des protocoles (disponibles en ligne sur les sites des programmes correspondants) bien définis. Ils disposent d’outils d’aide à l’identification des espèces et, afin de réduire la marge d’erreur, un ensemble de références scientifiques permet de contrôler et, si besoin, d’écarter les données suspectes. Consignées sur le site de la structure animant l’observatoire, les données collectées vont être compilées, analysées et venir étoffer la base de données pour la faire évoluer au fil du temps. Trait d’union entre la société et le monde de la recherche, les programmes de sciences participatives accompagnent les citoyens dans leurs observations et leurs interrogations quant aux phénomènes qu’ils contribuent à mettre en évidence.

+16%
de personnes impliquées dans les sciences participatives entre 2018 et 2019
Open, le  premier portail des sciences participatives : un moteur pour la transition

Parce que chacun d’entre nous peut contribuer à la collecte de données sur la biodiversité dans son environnement, le Muséum national d’Histoire naturelle a, en 2018, créé OPEN, un portail dédié aux sciences participatives pour tous : débutants curieux ou amateurs passionnés. Animé conjointement par la Fondation Nicolas Hulot et l’Union Nationale des CPIE, OPEN répertorie aujourd’hui sur son site près de 160 observatoires ouverts à tous ceux qui souhaitent découvrir la biodiversité autrement et participer à la veille scientifique d’une espèce dans la nature. 

Crédit : Marie Debord

Les bénéfices des sciences participatives pour la recherche scientifique sont incontestables

Grâce aux programmes de sciences participatives, 52 000 participants ont permis de collecter 3 224 000 données depuis 2012 sur un observatoire dédié aux oiseaux des jardins. Résultat de cette précieuse contribution citoyenne : des conclusions qui mettent en perspective l’importance des points de nourrissage dans les jardins de particuliers l’hiver dans les zones où l’agriculture intensive ne permet plus aux oiseaux de trouver des graines dans les champs. Une vraie mesure d’aide à la conservation d’espèces dont les effectifs sont déjà menacés. 

Autre champ d’investigation, autre programme : Spipoll propose de s’intéresser aux interactions entre les plantes et les insectes pollinisateurs dont l’effondrement des populations est un sujet de plus en plus relayé par la communauté scientifique. Avec  un protocole simple basé sur le suivi photographique, le programme a déjà mobilisé 1 593 participants dont les 361 832 visuels postés représentent, si on les convertit en temps d’observation, 1 équivalent temps plein d’environ 11 ans et demi ! 

On retrouve de nombreuses structures et laboratoires scientifiques comme le CNRS et son programme portant sur l'évolution des saisons : ici, les observations rapportées par les citoyens sur les rythmes de vie de la flore et de la faune vont permettre d’affiner l’étude que les scientifiques de l’observatoire des saisons mènent sur l’adaptation des écosystèmes en réponse au changement climatique. L’objectif : mesurer l’impact du réchauffement global pour anticiper les bouleversements à venir et, sinon les empêcher, du moins atténuer leurs effets et surtout s’y adapter du mieux possible.

L’Inra propose quant à lui l’étude à grande échelle de la répartition en France de plusieurs insectes exotiques dites espèces invasives ou devenues envahissantes à la faveur de modifications du milieu (activités humaines, climat…). Des éléments d’information indispensables pour tenter de limiter la prolifération entre autres de la chenille processionnaire du pin, du frelon asiatique à pattes jaunes, ou encore de la pyrale du buis et de la punaise diabolique. Pour rappel : les espèces exotiques envahissantes constituent la seconde cause d’extinction des espèces autochtones dans le monde.

S’ouvrir au monde qui nous entoure pour mieux le connaître et le protéger

Poser sur le monde vivant un nouveau regard et se donner le temps d’en percer quelques mystères. Quel meilleur moyen de se reconnecter à la nature, d’apprendre la patience, et de réaliser avec humilité que l’humanité n’est qu’une partie du monde vivant et qu’elle doit permettre à chaque espèce de disposer d’un espace où s’épanouir.

Si vous aussi êtes curieux, passionné et souhaitez donner une nouvelle dimension à votre engagement écologique  tout en vous reconnectant à la nature, n’hésitez pas : allez sur le portail d’OPEN choisir l’un des 161 observatoires proposés et comme les 70 316 participants devenez vous aussi un écocitoyen, témoin et relais utile contribuant à la sauvegarde de la biodiversité.

Crédit : Marie Debord

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