Malheureusement, les limites de ce modèle ont depuis été largement démontrées. Alors que 80 % de notre production alimentaire dépend directement des insectes pollinisateurs, l’agriculture intensive constitue la cause majeure de leur déclin.
Ce secteur représente près de 20% des émissions de gaz à effet de serre en France, engendre une importante pollution des eaux, des sols et impacte la santé humaine, à commencer par celle des agriculteurs … Cerise sur le gâteau, ce modèle ne permet même pas à la grande majorité des travailleurs de la terre de vivre correctement de leur métier !
Une double peine écologique et sociale contre laquelle nous agissons.
Alors que la France s’est fixée pour objectif de réduire de 50 % l’usage des pesticides de synthèse d’ici à 2025, leur utilisation a augmenté de 14,9 % entre 2009 et 2019.
Pour identifier clairement les blocages qui entravent la réduction des pesticides, la FNH a publié, en 2021, une étude très fouillée analysant les flux financiers qui transitent des pouvoirs publics vers le secteur alimentaire : “Réduction des pesticides en France : pourquoi un tel échec” .
Nous y démontrons que sur 23,2 milliards d’euros de fonds publics perçus annuellement par les acteurs de l’alimentation (dont les agriculteurs), seul 1% a un effet avéré sur la réduction de l’usage des pesticides !
Tout le reste ne sert qu’à conforter le système place, laissant la majorité des agriculteurs prisonniers d’un modèle très installé.
Les financements privés (banque, coopératives agricoles…), tout aussi conséquents (19,5 milliards d’euros par an), confortent cette situation.
Essentiellement délivrés sous forme de prêts, ils sont davantage fléchés vers les exploitations agricoles les plus utilisatrices de pesticides (60% d’emprunts de plus que les exploitations les moins intensives en pesticides).
Dans cette double analyse public/privé nous mettons donc en évidence que le poids de l’échec est trop souvent mis sur les épaules des agriculteurs, alors que la responsabilité est bien du côté des pouvoirs publics et de l’ensemble des acteurs agricoles et alimentaires qui leur ont donné des objectifs à atteindre sans les moyens pour y parvenir.
La FNH a ainsi choisi de concentrer son action sur les exploitations faiblement à moyennement utilisatrices de pesticides, qui représentent aujourd’hui 91% des exploitations agricoles.
Pour les inciter à sortir de ce système et ainsi booster les installations et transmissions en agroécologie, nous plaidons auprès des pouvoirs publics pour sécuriser des financements afin de favoriser la transition et la transformation du modèle agricole et assurer une meilleure rémunération des systèmes agricoles vertueux.
Entre 2005 et 2019 l’importation de denrées agricoles et alimentaires a augmenté de 28%. Des denrées le plus souvent cultivées selon des normes environnementales nettement inférieures à celles imposées à nos propres agriculteurs en Europe.
En acceptant cela, l’UE ne tient pas ses engagements environnementaux et de santé publique, mettant de surcroît les éleveurs et agriculteurs européens en situation de distorsion de concurrence.
Une double peine écologique et sociale encore aggravée par les accords de commerce, comme le CETA ou le Mercosur, qui viennent augmenter les entrées de denrées importées, sans exiger une réciprocité des normes.
Pire encore, cette dichotomie de normes tire les standards européens vers le bas.
Par exemple, les cultures produites hors de l’UE peuvent avoir été traitées avec des substances non autorisées dans l’UE à la seule condition que les denrées importées respectent les limites maximales de résidus fixées… qui peuvent être révisées à la hausse sur demande des partenaires commerciaux !
Pour faire face à cette différence de traitement, les agriculteurs européens peuvent réclamer en retour des dérogations pour l’utilisation de produits dangereux dans l’UE, qui peuvent avoir des conséquences nuisibles sur l’environnement et la santé.
Un véritable casse-tête qui tend à pousser les normes vers le bas quand c’est tout le contraire qui devrait se produire.
En France, la Politique Agricole Commune (PAC) représente 47% des financements publics (incluant les cofinancements nationaux) octroyés sous forme d’aides vers les acteurs de l’alimentation, soit environ 9 milliards d’euros par an. Mais actuellement, seul 2% de ce budget de la PAC contribue de manière avérée à la réduction de l’usage des pesticides ! Essentiellement proportionnées à l’hectare et non aux services sociaux et environnementaux rendus, les financements venant de la PAC profitent ainsi en majeur partie aux exploitations intensives.
Depuis 2013, la FNH fait du suivi des budgets de la PAC un fil rouge de son action, saisissant toutes les occasions pour rappeler que ses aides sont déterminantes pour accélérer le changement des systèmes agricoles et alimentaires.
Dans le cadre du dernier Plan stratégique national (PSN), déclinaison nationale de la PAC , la FNH a notamment porté :
La FNH plaide en faveur d’un bonus d’au moins 3 milliards d’euros annuels dédiés :
A contrario, la FNH plaide pour la mise en place d’un malus destiné à responsabiliser l’ensemble des acteurs du système agricole et alimentaire. Nous demandons à ce que ce malus s’applique :
Depuis 2019, la FNH se mobilise pour réformer la politique commerciale européenne afin de mettre le commerce au service de la transition écologique et sociale. Nous avons notamment porté une proposition phare : l’adoption d’un règlement européen sur les importations européennes, basé sur un principe de mesures-miroirs. L’enjeu : exiger aux produits importés le respect de nos standards en termes d’utilisation de pesticides, notamment. Ce principe, présenté aux décideurs (eurodéputés, ministres, secrétaires d’État…) a été retenu par le gouvernement français (Julien Denormandie, plusieurs eurodéputés et même Emmanuel Macron), ainsi que par la Commission européenne.
Un travail de longue haleine que la FNH poursuit désormais pour que ces mesures-miroirs puissent être appliqués dans les véhicules législatifs pertinents, notamment : le Règlement sur l’utilisation durable des pesticides de 2022, la législation cadre sur la durabilité des systèmes alimentaires discutée en 2023 ou la révision des règles relatives à l’étiquetage des denrées alimentaires durables qui aura lieu en 2024.
Dans le cadre des élections européennes de 2024, la FNH mobilise les candidats pour qu’ils s’engagent à faire de leur mandat, celui de la concrétisation des mesures miroirs. Pour cela, elle a notamment présenté une nouvelle étude qui soulève la différence de normes et la distorsion de concurrence sur 5 aliments importés en Europe.
En parallèle, la FNH s’oppose aux accords commerciaux climaticides, tels que le TAFTA, le CETA ou encore le Mercosur. Sur ce dernier, la FNH se mobilise pour que la France maintienne son opposition à l’accord en l’état. Récemment, elle a présenté des recommandations pour que les trois lignes rouges posées par la France soient effectives.
Demandez aux candidats aux élections européennes 2024 :
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