Trop souvent absentes des débats traitant des enjeux environnementaux et méconnues du grand public, les zones humides sont pourtant des milieux riches et extrêmement précieux au regard des multiples services écosystémiques qu’ils rendent à l’humanité sur toute la planète.
Qu’est ce qu’une zone humide ?
Non, ce ne sont pas seulement des marais à l’eau trouble, tourbières et autres vasières. Les milieux humides, ce sont toutes ces zones de transition entre terre et eau, soumises à de multiples variations : la situation géographique déterminant la composition en matières nutritives d’un sol, la salinité de l’eau (douce, salée ou saumâtre), la submersion des terres, permanente ou temporaire, et toutes les fluctuations climatiques d’une région ou d’une zone géographique.
On en trouve depuis le sommet des montagnes jusqu’en en bordure des côtes
Les milieux humides sont présents sur toute la planète et se rencontrent dans divers paysages : estuaires, lagunes, étangs, marais, landes, tourbières et prairies humides en métropole, mais aussi lagons, mangroves et forêts humides en outre-mer.
Hormis tous les sites remarquables recensés bien connus, comme la Camargue, les marais salants de Guérande, la Baie du Mont Saint Michel ou encore les étangs de Brenne, il existe une multitude de zones humides dites « ordinaires » qui contribuent pourtant tout autant à l’équilibre des écosystèmes qu’ils abritent et qu’il convient de préserver.
Un réservoir de biodiversité
Ces étendues d’eau naturelles ou artificielles, stagnante ou courante, et peu profondes, forment des biotopes particuliers propices au développement d’une végétation et d’une faune spécifique, voire endémique. Véritables écrins de biodiversité, on y trouve à l’année une profusion d’algues et autres végétaux, de poissons, d’amphibiens et d’oiseaux d’eau (canards, échassiers…). Il est en ce sens indispensable de les préserver car elles sont le lieu de reproduction, de nourrissage, de refuge et, pour de nombreux migrateurs, une étape dans leur long voyage.
Fonctions et services rendus des zones humides
Les services écosystémiques des zones humides sont multiples : véritables éponges naturelles, elles reçoivent, stockent et restituent l’eau selon les périodes. Leur capacité de filtration leur confère le rôle de station d’épuration d’eau et d’atténuation de la pollution. De plus en stockant le carbone, elles jouent un rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique. À noter que les zones humides ont de tout temps fourni à l’homme alimentation et eau douce car elles constituent en grande partie un support pour des activités agricoles : élevage, maraîchage, pisciculture, ostréiculture, saliculture, riziculture… qui valorisent les terroirs. Enfin elles ont aussi un intérêt récréatif en étant des espaces de tourisme et de loisirs.
Pourquoi est-il urgent de préserver les Zones humides ?
Une situation alarmante
La dégradation des milieux humides et la réduction de la surface résultent principalement de l’activité humaine. À l’échelle mondiale, 64% de leur surface a disparu depuis 1900 et la France n’est malheureusement pas en reste. La dernière étude nationale sur les sites humides emblématiques couvrant la période 2010-2020 atteste d’une dégradation portant sur 41% des sites évalués en métropole et outre-mer.*
Des écosystèmes complexes fragilisés par de multiples menaces
L’urbanisation et le développement d’infrastructures, l’intensification de l’agriculture et de l’aquaculture, le boisement de terres, l’aménagement des cours d’eau, de zones portuaires et l’extraction de matériaux ont un impact considérable : direct quand les zones humides sont détruites et indirect quand la modification du débit de l’eau, l’assèchement, le drainage, le prélèvement d’eau, le remblaiement des terres et la pollution viennent rompre l’équilibre des écosystèmes. Au cours du siècle dernier, plus de la moitié des zones humides a été détruite et celles qui restent (3% du territoire) sont encore menacées.
Hormis le dérèglement climatique, l’autre grande menace - près de 90% des sites en métropole et 84% des sites outre-mer concernés – vient de la colonisation des milieux par des espèces exotiques à fort développement (introduites accidentellement ou intentionnellement par les humains), dites espèce invasives, qui viennent concurrencer les animaux et les plantes indigènes (nourriture, destruction d’habitat, vecteurs de maladies…) avec de multiples dommages sur le milieu : banalisation des paysages, perturbation de l’écoulement, modification de l’acidité, impact sur la lumière…
Comment préserver les zones humides ?
En participant à la journée mondiale des zones humides sur jagispourlanature.org !
Pour donner un coup de projecteur sur les zones humides, faire découvrir leurs bienfaits et inviter chacun à s’emparer du sujet, chaque année, le 2 février, c'est la Journée Mondiale des Zones Humides dans le monde. Celle-ci marque le lancement d’un programme varié d’animations : sorties nature, conférences, projections de films, chantiers nature, activités culturelles…
Une attention et une protection particulières dont les zones humides bénéficient suite à l’entrée en vigueur depuis le 2 février 1986 de la Convention de Ramsar (167 pays signataires). La Fondation pour la Nature et l'Homme s’y associe chaque année via son programme « J’agis pour la nature ». Retrouvez sur notre site de nombreux chantiers nature pour des sessions d’arrachage de plantes invasives, de réhabilitation de sites ou de restauration de mares !
Tourbière : c’est une zone humide d’eau stagnante ou très peu mobile, colonisée par la végétation. Dans ces conditions asphyxiantes, la litière végétale ne se dégrade que très lentement et très partiellement. Elle s’accumule alors, progressivement, formant un dépôt de matière organique mal ou non décomposée : la tourbe.
Les sols tourbeux stockent plus de 20% du carbone organique total de tous les sols alors que leurs superficies n’excèdent pas 3% des terres émergées (Eswaran et al., 1993).
Biotope : c’est un lieu de vie, défini par ses caractéristiques physiques et chimiques. Il rassemble l’ensemble des formes de vie (flore et faune).
Services écosystémiques : ce sont l’ensemble des services que nous rendent les écosystèmes : la production d’oxygène par les forêts, l’épuration naturelle des eaux par la terre, l’activité des pollinisateurs dont nos cultures dépendent ou encore le cycle de l’eau.
Ce terme a pris une ampleur internationale avec l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (2005), rapport réunissant plus de de 1 360 experts issus de près de 95 pays, pour évaluer - sur des bases scientifiques - l’ampleur et les conséquences des modifications subies par les écosystèmes dont dépend notre survie et le bien-être humain.
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