Soutenir un élevage local et paturant

Sans transition agroécologique, pas d’avenir pour la filière bovine

Publié le 03 octobre 2024

Alors que le Sommet de l’élevage s’est ouvert ce 1er octobre et qu'une nouvelle ministre de l’Agriculture vient d'être nommée (Annie Genevard), la FNH souhaite l’interpeller sur la situation de l’élevage bovin en France, nécessitant lucidité et ambition.

En effet, les exploitations allaitantes comme laitières sont largement subventionnées pour des éleveurs gagnant moins d’un smic horaire (211% du résultat des exploitations allaitantes [1] et 84% de celui des exploitations laitières [2] pour un revenu respectif de 0,6 smic et 0,9 smic horaire [3]), avec un phénomène de captation indirecte des aides publiques par l’aval (l’industrie agroalimentaire et la grande distribution).

  • Pour la filière bovine viande : sa situation socio-économique viande est particulièrement inquiétante et se dégrade, du fait d’un cercle vicieux entre décapitalisation, fermeture des abattoirs et d’une consommation de viande hachée qui a explosé. La trajectoire actuelle mène à une double impasse environnementale comme socioéconomique et ne pourra être infléchie sans assumer une transition agroécologique vers le “moins et mieux de viande”.
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  • Pour la filière laitière : son partage de la valeur est de plus en plus inéquitable, avec une concentration des acteurs de l’aval, verrouillant la possibilité d’une transition en enfermant les éleveurs dans une course à l’intensification. La Ministre Annie Genevard venant d’un territoire où la filière comté s’est développée, structurée par une forte régulation des marchés pour allier performances économique et environnementale, la FNH espère que la Ministre saura s’en inspirer.
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  • Enfin, la pertinence de deux filières distinctes produisant toutes les deux de la viande et nécessitant une part accrue de céréales dans l’alimentation de bovins spécialisés pose question d’un point de vue environnemental mais aussi d’autonomie et de résilience des exploitations agricoles.

"La Ministre va vraisemblablement donner des gages à la profession agricole lors de son déplacement, mais aura-t-elle le courage politique d’assumer la nécessité de mesures structurelles pour concilier rémunération des éleveurs et pratiques agroécologiques ? Sans inflexion majeure du modèle agricole et commerciale, le nombre d’éleveurs va continuer à s’effondrer et la résilience des exploitations sera largement hypothéquée. Nous avons des propositions et nous espérons que le gouvernement s’en saisira pour offrir un avenir à ces filières ".

Thomas Uthayakumar, directeur du plaidoyer et des programmes à la FNH

Nous interpellons la Ministre sur 2 axes principaux :

1. Le respect et renforcement de la loi pour une plus juste équité dans la transition agroécologique : 
  • Respect de la loi EGAlim visant à sanctuariser les coûts de production et renforcement de l’obligation de contractualisation (non respectée à ce jour) en y ajoutant l’objectif de 50% de contrats tripartites intégrant un prix plancher et des pratiques agroécologiques d’ici 2030.
  • Respect de l’obligation des entreprises de publier leurs bénéfices afin de pouvoir lancer une réflexion sur le partage de la valeur et financer la transition au travers d’un fonds de transition agroécologique portant sur 10% des bénéfices de ces entreprises.
2. Le lancement d’une campagne de communication pour consommer moins et mieux de viande. Alors que presque 25% de la viande est importée, que l’explosion de la consommation de viande hachée (alimentée par le développement de la Restauration Hors Domicile) dévalorise la viande issue du troupeau allaitant et que les consommateurs ont du mal à distinguer la plus-value de la viande biologique ou label rouge par rapport à une viande conventionnelle, il est urgent d’assumer politiquement qu’il est nécessaire de manger moins de viande et que toutes les viandes ne se valent pas en termes d’impact et socio-économique. 

Sources

[1] Moyenne de la part des subventions sur le Résultat Courant Avant Impôt total des exploitations, entre 2010 et 2021

[2]Moyenne de la part des subventions sur le Résultat Courant Avant Impôt total des exploitations, entre 2011 et 2021.

[3]Revenu des éleveurs allaitants et laitiers en 2021, ramené au nombre d’heures travaillées.

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