Décryptage

Les centres de soins de la faune sauvage tirent la sonnette d’alarme

Publié le 30 novembre 2020 , mis à jour le 20 avril 2021

Seuls établissements en France autorisés à prendre en charge des animaux sauvages en détresse, les centres de soins de la faune sauvage sont pourtant méconnus et en grande difficulté financière. Pour leur éviter de mettre la clé sous la porte, 17 centres de soins de la faune sauvage, dont l’Hirondelle, membre de notre plateforme J’agis pour la nature, se sont structurés en réseau. Une démarche que la Fondation Nicolas Hulot souhaite aujourd’hui mettre en lumière.

 

Le centre de soins l’Hirondelle, c’est 40 000 animaux pris en charge et 220 espèces différentes depuis 1998

Le parcours chaotique du centre de soins l’Hirondelle

Tout commence en 1998 avec le premier centre de soins pour oiseaux que Pascal T. parvient à monter près de Francheville. Malgré des moyens limités, cet amoureux de la nature réussit dès la première année à gérer les arrivées et les soins de 650 volatiles. Des animaux en détresse généralement signalés par des appels ou apportés au centre par des particuliers. Au fil des années le centre fait face à un afflux croissant d’oiseaux blessés et les demandes d’accueil de mammifères se font de plus en plus pressantes. Bientôt le manque de place ne permet plus de prodiguer les soins aux 4 000 animaux qui transitent par le centre chaque année. En 2008, il faut construire de nouvelles volières, et déménager pour s’agrandir.

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Toujours plus d’animaux blessés et des moyens toujours insuffisants

Au cours de la décennie suivante, victime de dégâts climatiques comme celui qu’occasionnent en 2018 d’importantes chutes de neige sur les volières et face à une situation de constante saturation, le centre doit à plusieurs reprises fermer ses portes. Une situation malheureusement commune à la majorité des centres de soins pour la faune sauvage qui comptent chaque année 10% d’animaux blessés en plus.

Sachant qu’un séjour de soins revient en moyenne à 100 euros par animal, la survie même des centres dépendant des seules cotisations de leurs adhérents se trouve directement menacée.

Trouver des solutions : l’union fait la force

En 2019, l’Hirondelle et 16 autres centres de soins pour la faune sauvage se mobilisent pour créer un réseau, seule solution d’avenir pour pérenniser leurs activités qui, au-delà des soins apportés aux animaux blessés, participent à la sauvegarde de la biodiversité. En effet, souffrant d’un manque de visibilité, l’expertise des centres de soins est peu valorisée. Ce sont pourtant leurs équipes de salariés et de bénévoles qui, sur le terrain, contribuent à la collecte d’informations sur l’état des populations, participent à l’amélioration des connaissances scientifiques sur la faune sauvage, à la sensibilisation du grand public, à la veille sanitaire grâce au suivi des animaux accueillis… (identifications et interventions sur de nombreuses maladies : botulisme aviaire, variole, influenza…)

Le Réseau en Action 

Les missions du Réseau Centres de Soins Faune sauvage

La principale raison d’être de ce réseau est d’éviter aux centres de soins de mettre la clé sous la porte en période de crise, et les appels à l’aide ne manquent pas ! Trouver des solutions pour améliorer la qualité de la prise en charge des animaux et travailler dans de meilleures conditions demandent du temps et des moyens… ce dont ne disposent pas la plupart des centres en permanence confrontés à une situation d’urgence. Les mesures de soutien que le réseau met en place portent en priorité sur la réforme de leur modèle économique, le développement d’une base de données communes, la création d’une formation continue qualifiante pour les équipes de soigneurs ainsi qu’une refonte de la réglementation.

Être reconnu et alerter les politiques

Tirer la sonnette d’alarme, c’est porter à la connaissance des politiques les difficultés de financement des centres de soins alors qu’ils agissent chaque jour pour la sauvegarde de la faune sauvage, constituante fondamentale de notre biodiversité.

La suggestion avancée par le réseau est celle de la participation des collectivités, à hauteur de 0,20€/habitant/an : une microparticipation par habitant mise en place dans le Rhône depuis octobre 2019, qui a déjà convaincu plus de la moitié des communes. L’argument semble avoir été entendu dans un contexte où le mot biodiversité revêt une importance croissante dans les mentalités au sein de la population et s’impose dans le discours politique : qui n’a pas aujourd’hui entendu parler de l’ère de l’anthropocène et de la sixième extinction de masse ? Le réseau espère que la prochaine étape sera un rendez-vous avec Madame la Ministre Barbara Pompili afin d’échanger avec elle sur les difficultés rencontrées par les structures de soins et de réhabilitation de la faune sauvage française.

La Fondation Nicolas Hulot reconnaît toute l’importance du défi écologique dans lequel s’engage le Réseau Centres de Soins Faune Sauvage.

Consciente du caractère inéluctable de la perte de biodiversité que l’on observe depuis plusieurs décennies, la FNH accorde tout son crédit à l’action de ce réseau.

Réaffirmant l’urgence d’agir, les centres de soins alertent d’ores et déjà des effets du dérèglement climatique sur leurs activités. Des intempéries de plus en plus sévères et fréquentes -orages de grêles, tempêtes et inondations, sécheresses et canicules- exercent une pression croissante sur la faune sauvage déjà fortement impactée par la dégradation de son habitat, le braconnage, la pollution…

Oui, plus que jamais la biodiversité est menacée et sa sauvegarde a grandement besoin d’être structurée et encadrée par des lois.

Vous souhaitez aider les centres de soins?

Saviez-vous que vous pouviez devenir bénévole en centre de soins? Il en existe une centaine partout en France. Ils ont souvent besoin de bras pour les aider à entretenir le centre, répondre aux appels, nourrir les animaux... Il y a de nombreuses tâches pour lesquelles vous pouvez venir les aider.

Pour trouver des missions de bénévolat, rendez vous sur notre platefome J'agis pour la nature.

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Pour approfondir le sujet

Centres de sauvegarde de la faune sauvage
S.O.S, centres de soins en détresse