Favoriser une alimentation saine et durable

Un “Programme Ambition Bio” sans véritable ambition

Publié le 28 février 2024 , mis à jour le 15 mars 2024

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau vient d’annoncer au Salon de l’Agriculture les grandes mesures du nouveau Programme Ambition Bio (PAB), feuille de route quinquennale pour atteindre 18% de surfaces agricoles en bio d’ici 2027 et 21% d’ici 2030. Malgré quelques annonces à saluer, pour la FNH, ce plan témoigne de l’incapacité du gouvernement à penser de véritables solutions structurelles pour l’avenir de la filière biologique. Elle regrette par ailleurs qu’aucune ONG n'ait été associée à la construction de ce nouveau plan et déplore le manque de concertation de la société civile.

Côté production, une enveloppe d’urgence supplémentaire de 90 millions d’euros a été annoncée

La FNH salue cette décision plus qu’indispensable. Cependant, la FNH rappelle que ces montants restent encore insuffisants, par rapport aux 300 millions de pertes économiques subies par les agriculteurs biologiques en 2023 [1], et qu’il faudrait prévoir, au-delà des aides de crise, un renforcement des aides structurelles à l'agriculture biologique, indispensables pour assurer aux agriculteurs un horizon et une stabilité à long terme.

Côté consommation, rien de nouveau.

La stratégie du gouvernement repose sur 18 millions d’euros (sur 3 ans) pour mener des actions de communication en faveur du bio et le respect de la loi EGAlim en restauration collective. Cependant :

  • Ce budget communication représente une goutte d’eau dans l’océan de campagnes publicitaires alimentaires auxquelles les consommateurs sont exposés (par exemple, le budget publicitaire de certains grands distributeurs atteignait jusqu’à 500 millions d’euros sur l’année 2021[2]).
  • La restauration collective ne pourra pas à elle seule créer les débouchés suffisants pour sortir la filière bio de la crise et permettre d’atteindre les 21 % de surface agricole en bio en 2030. Pour ce faire, comme l’a démontré la FNH dans une étude de janvier 2024, en plus d’avoir 20% de bio dans les achats de la restauration collective (respect de la loi EGAlim), il serait nécessaire d’avoir 20% de produits bio dans les achats de la restauration commerciale (contrairement aux 2% actuels) et 7,8% dans les achats des ménages (contrairement aux 6% actuels). Pourtant, rien ne semble prévu dans ce plan pour mobiliser la restauration commerciale et la grande distribution.

Sources

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