Décryptage

Une 27ème COP… pour quoi faire ?

Publié le 09 novembre 2022

La COP27 vient de s’ouvrir en Egypte et des voix s’élèvent ça et là pour poser la question de l’utilité de ce nouveau sommet international dédié au climat. Alors que l’humanité peine à mettre un coup de frein à ses émissions de gaz à effet de serre, maintenir la pression sur tous les pays à travers cette COP reste nécessaire… mais clairement pas suffisant ! L’action massive de tous les États à la hauteur de leurs engagements entre chaque sommet international est indispensable. Retour sur les enjeux prioritaires de cette 27ème convention des parties pour le climat qui se tient du 6 au 18 novembre à Charm El-Cheikh.

Mettre (enfin !) un coup de frein aux émissions de GES

Deux chiffres récents continuent de nous alerter - s’il le fallait encore - sur l’urgence climatique : en septembre 2022, les températures étaient en moyenne 1,11 °C plus élevées que lors de l'ère préindustrielle et les huit dernières années sont en passe de devenir les plus chaudes jamais observées.

L’ONU comme le GIEC avertissent : l’humanité n’est pas à la hauteur du défi climatique. Selon le dernier rapport de l’ONU, les engagements climatiques actuels des 193 parties à l'Accord de Paris feront augmenter les émissions de 10,6 % d'ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2010, alors qu’il faudrait les réduire de 45 %… bien loin des réductions requises pour atteindre les 1,5°C de l’Accord de Paris.

La priorité ? Sortir des énergies fossiles partout dans le monde : arrêter leur financement, notamment l’exploitation d’hydrocarbure, et accepter de ne pas utiliser toutes les réserves disponibles. Cela passera par une économie plus sobre et le déploiement des énergies renouvelables en priorité partout dans le monde.

Aider les pays en développement à se passer des fossiles et à s’adapter au changement en cours

Si un Français sur deux déclare avoir subi les conséquences du changement climatique (Sondage Opinion Way pour l’ADEME du 6 novembre 2022), les impacts se font sentir depuis de nombreuses années partout sur le globe et de manière puissante les populations les plus pauvres… qui en sont pourtant les moins responsables.
 
C’est pourquoi, l’enjeu d’une COP est également de replacer chacun à son niveau de responsabilité et donc de faire en sorte que les pays les plus riches, et donc historiquement les plus émetteurs, aident les pays les plus pauvres. Deux manières à cela : une aide financière pour l’adaptation - discutée depuis des années, mais insuffisante à ce stade en termes de montant malgré les promesses - et la question des pertes et dommages, pour la première fois mise à l’agenda d’une COP. Il s’agit de tous les impacts qui ne peuvent être évités ni par des actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre ni par l’adaptation au changement climatique. La COP27 doit ainsi être l’occasion de définir un appui des pays les plus riches vers ceux qui ont subi de plein fouet les drames du changement climatique, comme le Pakistan sous les inondations il y a quelques semaines.

Maintenir une ambition collective et convergente autour du défi climatique

Dans le contexte de guerre en Ukraine et de conflits partout dans le monde, maintenir une forme d’unité sur le front climatique est essentiel. Chaque État doit s’engager à la hauteur de sa contribution passée aux émissions de GES et à ses capacités actuelles à agir. Le niveau d’engagement de tous est essentiel à la réussite collective. C’est l’une des conditions à l’atteinte de l’objectif de l’accord de Paris.

Et la France : bonne élève ?

Emmanuel Macron sera présent lors cette COP avec l’objectif d’embarquer les pays du G7 dans l’atteinte de leurs engagements. Mais la France tient-elle les siens ? Certaines annonces positives ont eu lieu ces dernières semaines, comme la sortie du Traité de la Charte européenne de l’Energie. Cette dernière permet aux entreprises d’attaquer les États qui modifient leur politique énergétique, si elles considèrent que cela menace leurs intérêts financiers. Par ailleurs, le 8 novembre, Emmanuel Macron a annoncé l’interdiction d’exploiter les grands fonds marins, convoités par certaines compagnies minières, dont la flore et la faune sont indispensables pour assurer le fonctionnement du cycle carbone de l’océan et ralentir ainsi le dérèglement climatique.
 
Cependant, en termes de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, la France ne tient pas ses engagements. Rappelons que l’État est condamné pour inaction climatique suite au recours que nous avons porté avec l'Affaire du Siècle. Avant le 31 décembre 2022, elle doit rattraper les émissions de gaz à effet de serre produites en trop pendant la période 2015-2019. Si quelques mesures prises vont dans le bon sens, il y a également eu des régressions qui laissent penser que nous ne serons pas dans les clous à la fin du délai accordé par la justice...

Un an après sa condamnation pour inaction climatique, l’État n’en fait (toujours) pas assez

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