Agir pour une biodiversité préservée

Pourquoi et comment se reconnecter à la nature ?

Publié le 18 novembre 2025

Nous vivons une époque paradoxale : jamais la nature n’a été aussi menacée, et pourtant jamais nous n’en avons été aussi éloignés. Absorbés par un quotidien saturé d’écrans, de bruit et de béton, nous nous déconnectons peu à peu du vivant. Il y aurait là une explication à notre passivité face à son effondrement. Mais il y en a une autre : d’après les scientifiques, nous sommes victimes d’amnésie environnementale générationnelle : nous nous habituons à la disparition du vivant. Comment, dès lors, protéger ce qui ne nous manque pas ? Telle est l’équation complexe qu’il nous faut résoudre… La solution pour y parvenir : vivre le plus d’expériences de nature possible. C’est là que nous intervenons !

Un attachement à la nature qui s’est étiolé au cours de l’histoire et sous l’effet de l’amnésie environnementale générationnelle.

Au fil de notre histoire, du paléolithique à nos jours, la relation entre l’être humain et la Nature s’est profondément transformée. De chasseurs-cueilleurs faisant pleinement partie de la nature, nous nous en sommes progressivement extraits, jusqu’à la considérer comme un environnement à notre disposition. Des ruptures historiques successives, documentées par le sociologue et philosophe Frédéric Lenoir lors d’un Live organisé par la Fondation pour la Nature et l’Homme le 4 décembre 2024, explique comment nous nous sommes isolés de la nature et pourquoi s’est installé ce rapport « maître et possesseur », considéré comme “normal” dans nos sociétés modernes.

Des sociétés modernes… dans lesquelles l’urbanisation galopante et l'omniprésence des technologies ne fait qu’accroitre toujours plus et plus vite cette rupture avec la nature et ce, sans que nous en prenions pleinement conscience, victimes de ce que la psychologie moderne, sous l’influence de l’américain Peter Khan, appelle : « l’amnésie environnementale générationnelle ». Une théorie, largement reprise par Anne-Caroline Prévost, actuellement directrice de recherche au CNRS et biologiste de la conservation   au Muséum d’Histoire naturelle. C’est ainsi « qu’au fur et à mesure que notre relation au vivant s’étiole, nous l’intégrons de moins en moins dans notre cadre de référence » explique-t-elle.

Génération après génération, nous nous acclimatons à la dégradation de la nature, chaque génération considérant le niveau dégradé dans lequel elle grandit et vit comme le niveau non dégradé, autrement dit comme un niveau normal. Et à mesure que nous nous éloignons physiquement et mentalement de la nature, nous perdons mécaniquement une partie de notre motivation à agir pour elle… Autrement dit on s’habitue à sa dispartition. C’est une clé que nous pensons pertinente pour expliquer, en partie pourquoi, malgré les alertes des scientifiques et l’effondrement actuellement à l’œuvre, l’action collective reste si limitée.

Les psychologues révèlent aussi qu’alerter et faire peur ne suffit pas. Ce qu’il faut c’est faire vivre des expériences de nature aux gens en suscitant un contact physique sensoriel et émotionnel avec le monde qui nous entoure. C’est un moteur qui réveille, qui donne envie. 

 

Mais vivre des expériences de nature, cela fait cruellement défaut… Alors comment faire pour en vivre plus ? 

Comment agissons-nous pour proposer des expériences de nature au plus grand nombre ?

À la Fondation, nous faisons de cette reconnexion une priorité. Nous voulons redonner à chacun la possibilité de vivre une expérience directe de la nature :

  • En favorisant l’accès de tous à la nature, quel que soit son lieu de vie, son niveau de revenu ou son âge.
  • En donnant les moyens aux enseignants de développer la pédagogie de l’école dehors et donc de renforcer le lien des enfants avec la nature dès le plus jeune âge.
  • En soutenant les initiatives qui recréent du lien entre les citoyens et la nature qui les entoure, dans les villes comme dans les campagnes.
  • En encourageant la découverte et la compréhension du vivant, par des démarches pédagogiques.

Faire de l’accès à la nature pour tous une priorité politique

L’accès équitable à la nature est un levier indispensable pour que chacun puisse renouer un lien fort avec le vivant. Pour cela, il est crucial que cet enjeu soit reconnu au plus haut niveau et intégré dans les politiques publiques. Pour relever ce défi nous agissons sur plusieurs fronts :

  • Le plaidoyer politique pour que l’accès à la nature devienne une priorité et que les espaces de nature existants soient préservés. Nous demandons notamment la reconnaissance et la protection renforcée des espaces naturels, comme les sites Natura 2000.

Donner aux enseignants les moyens de faire l’école dehors et d’apprendre avec la nature

La préservation de la biodiversité passe par l’éducation et la transmission. La Fondation propose aux enseignants qui veulent utiliser la nature comme un lieu d’apprentissage et d’émerveillement :

Des outils pédagogiques qui permettent d’intégrer la protection de la biodiversité aux programmes scolaires : guides, cahiers d’activités, fiches d’observation, etc.

Favoriser les initiatives qui recréent du lien entre les citoyens et la nature qui les entoure

Pour recréer du lien entre les Hommes et la nature, il est essentiel de proposer des initiatives qui invitent les citoyens à s’immerger pleinement et concrètement dans leur environnement naturel. C’est ce que nous faisons à la Fondation à travers :

  • Le dispositif  JagisJePlante.org qui invitent les citoyens à prendre pelles et pioches pour planter des arbres, des haies, des bosquets comestibles, des murs végétaux favorisant ainsi la biodiversité locale et la renaturation des espaces urbains et périurbains et le lien social..
  • Le projet « j’agis pour la nature avec mes habitants » du LIFE BIODIV’France, qui vise à renforcer l’engagement des citoyens dans des actions locales de protection de la biodiversité dont la préservation d’espaces naturels ouverts et accessibles au plus grand nombre
  • La plateforme JagisPourLaNature.org qui met en relation structures de terrain et citoyens pour proposer des activités nature permettant de découvrir, observer, préserver, planter, soigner la biodiversité.

Encourager la découverte et la compréhension du vivant, par des démarches pédagogiques.

À la Fondation, nous pensons aussi que chacun peut devenir acteur de la reconnexion à la nature, sans être expert ni militant. Ce qui compte, c’est de faire le premier pas avec les bons outils :

  • Une collection de ressources pédagogiques : guides pratiques, livrets d’information et tutoriels DIY (Do It Yourself) pour mieux observer, comprendre et agir en faveur de la biodiversité au quotidien.

Des webinaires de sensibilisation : des temps d’échange et d’apprentissage en ligne pour initier et approfondir la connaissance de la nature et des gestes

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