Persuadée qu’il est possible de concilier la préservation du climat et de la biodiversité avec un élevage rémunérateur, la Fondation travaille depuis 2 ans à identifier les causes profondes de la détresse des éleveurs et à démontrer que l’agroécologie est la voie à suivre. A l’occasion du Sommet de l’élevage qui se réunit du 1 au 4 octobre à Clermont-Ferrand, elle publie un nouveau rapport inédit sur l’élevage allaitant et formule 5 recommandations pour sortir d’un modèle qui s’intensifie au détriment de l'environnement, des éleveurs de plus en plus pauvres et des contribuables.
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Éleveurs allaitants : changer de logique pour sortir de l'impasse
Je télécharge le rapport (format pdf - 2 Mo)Durant plusieurs mois, la Fondation pour la Nature et l’Homme a travaillé avec l’appui technique du bureau d’analyse sociétale LE BASIC pour identifier les causes socio-économiques responsables de la crise qui touche depuis des années les éleveurs de bovins destinés à la production de viande (aussi appelés éleveurs allaitants). Dans son nouveau rapport, elle révèle une réalité pour le moins déconcertante : depuis 11 ans, du fait d’une rentabilité en baisse, les subventions aux éleveurs allaitants ont augmenté de 20 %, sans que cela ait d’impact positif pour les éleveurs qui se paupérisent toujours plus : leur revenu, estimé à 0,85 Smic net horaire en 2010 est en effet passé à 0,6 Smic horaire en 2021.
Jusqu’à quand continuerons-nous à augmenter nos subventions vers un élevage qui rémunère de moins en moins ses éleveurs ? Ces aides publiques masquent des difficultés structurelles dont les agriculteurs sont les premières victimes et qui menacent à terme le modèle herbager français .
Dans son rapport, la Fondation pour la Nature et l’Homme a identifié et analysé les causes d’une rentabilité qui décroit :
- Le boom du steak haché au détriment des pièces à forte valeur ajoutée (comme la bavette ou l’entrecôte), alimenté par un fort développement de la Restauration Hors Domicile (1/4 des débouchés de la viande). Cela place les éleveurs allaitants en concurrence directe avec les éleveurs laitiers français et étrangers, ces derniers vendant leur viande 30 % moins chère. Et tout cela dans un contexte de diminution de la consommation totale de viande bovine (-3 points entre 2001 et 2021), au profit de la volaille (+ 7,5 points).
- La forte asymétrie de pouvoir au sein de la filière qui empêche les éleveurs de négocier leurs prix et de couvrir leurs coûts de production. A titre d’exemple, en 2020, 2 steaks hachés sur 3 étaient fabriqués par un seul groupe industriel.
- Une captation des aides publiques par l'industrie agroalimentaire et la grande distribution : l’attribution de subventions aux éleveurs permet aux acteurs de l’aval de réduire leurs prix d’achat de la viande. Ainsi, le prix de vente de la viande a baissé de 22 000€ entre 1988 et 2018 alors que les subventions augmentaient de 37 000€.
- Une spécialisation dans l’exportation de jeunes veaux vifs qui ne créé pas de valeur ajoutée pour l’éleveur. Ces jeunes bovins sont notamment exportés en Italie pour y être engraissés de façon intensive, délocalisant ainsi la valeur ajoutée et incitant les éleveurs à spécialiser leurs races de vaches (charolaises et limousines par exemple).
Résultat de l’équation : de moins en moins d’exploitations et des éleveurs de plus en plus pauvres
II est important de se rendre compte que les subventions reçues par les éleveurs sont indirectement captées par l’industrie agroalimentaire et la grande distribution. Pour autant, ces maillons connaissent eux aussi des difficultés économiques, ce qui nous interroge. Il faut donc poser un constat lucide sur une filière qui pourrait péricliter faute de réflexion sur le modèle d’élevage à promouvoir, sur nos modes de consommation et sur le partage de la valeur entre les différents maillon.
Pour offrir un avenir à la filière tout en agissant pour le climat et la biodiversité, la FNH appelle à changer de logique
- En conditionnant les exonérations fiscales et sociales des entreprises au respect de la loi EGAlim ;
- En mettant en place des prix planchers couvrant les coûts de production (dont la rémunération) ;
- En développant les contrats tripartites afin de sécuriser des débouchés plus durables pour les éleveurs (notamment l’engraissement de broutards).
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