Décryptage

Quelles décisions attendre du congrès mondial de l’UICN ?

Publié le 31 août 2021 , mis à jour le 03 septembre 2021

Le Congrès Mondial de la Nature organisé par l’UICN a lieu tous les 4 ans.  Après Hawaï en 2016, il se tient à Marseille du 3 au 11 septembre. Dans un contexte marqué par le nouveau cri d’alarme des experts du GIEC, l’érosion dramatique de la biodiversité et l’émergence de zoonoses (dont la COVID-19), ce congrès sonne comme une répétition générale avant la COP15 dédiée à la biodiversité prévue en Chine. Que faut-il en attendre ? Décryptage.

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Le congrès mondial de l’UICN : l’occasion de définir des recommandations politiques pour la décennie à venir

En vue de préparer ce congrès mondial, plus de 1000 organisations membres de l’UICN à travers le monde, incluant des ONG, des Etats et des agences gouvernementales, ainsi que des peuples autochtones ont travaillé à l’élaboration de 128 recommandations politiques portant sur huit enjeux clés pour la biodiversité, définis par le Comité :

  • Les espèces menacées
  • Les écosystèmes (Forêts, Océan et littoraux)
  • Les aires protégées
  • Les Solutions fondées sur la Nature pour lutter contre le changement climatique
  • La biodiversité en outre-mer
  • La déforestation importée
  • L’artificialisation des sols
  • Les alternatives aux pesticides

Sur les 128 recommandations issues des travaux de l'UICN, le Comité Français, composé de 55 organisations membres, dont la Fondation Nicolas Hulot, et de 250 experts bénévoles en a élaboré 18. A l’issue d’un débat et d’un vote électronique organisé en octobre 2020, 109 recommandations ont d’ores et déjà été retenues, dont 14 des 18 recommandations françaises. Le congrès mondial de Marseille sera l’occasion de débattre des 19 recommandations restantes, parmi lesquelles 4 issues des travaux français. Une fois adopté, ce corpus de recommandations contribuera à définir les prochains objectifs pour la protection de la biodiversité à 2030, qui seront établis à la COP15 Biodiversité de l’ONU organisée à Kunming en Chine (reportée en avril 2022).

Quel lien entre le congrès mondial de la nature et la COP 15 ?

Le cap fixé à Marseille se doit d’être ambitieux. En effet, les recommandations issues du congrès constitueront une feuille de route reprenant les nouveaux objectifs à horizon 2030, et à plus long terme jusqu’en 2050, qui seront discuté lors de la COP 15. Les 196 Etats réunis devront alors adopter le nouveau plan d’action mondial pour la biodiversité de la prochaine décennie. Cette dynamique nourrira aussi la COP26 sur le climat prévue à Glasgow (novembre 2021) où les Etats devront revoir à la hausse leurs engagements pour respecter l’Accord de Paris sur le Climat.

Ce congrès de Marseille est donc la dernière étape sur le chemin de la COP 15, propice à la révision des 20 objectifs internationaux pour la biodiversité (objectifs d’Aïchi) adoptés en 2010 à l’issue de la conférence de Nagoya. Et l’enjeu est fort puisque que le constat est maintenant établi par l’ONU qu’ils n’ont pas été atteints en 2020, malgré quelques progrès….

Zoom sur quelques-uns des objectifs prioritaires qui devront être discutés en Chine

Parmi les propositions qui devront être discutées à la COP 15 en Chine figurent l’adoption d’un nouveau cadre mondial pour mettre sous protection 30% de territoires terrestres et maritimes à travers le monde; la réduction du taux d'introduction d'espèces exotiques envahissantes ; la diminution des pollutions liées aux excès de nutriments, pesticides et plastique ; l'atténuation et l'adaptation au changement climatique grâce à des solutions basées sur la nature en adéquation avec l'accord de Paris.

Le Congrès mondial de la nature en 3 questions - #1 Les grands enjeux

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30 % d’aires protégées en France en 2022 et en 2030 dans le monde : une nécessaire concertation

Mais déjà, le principal objectif de la COP15 portant à 30% les aires protégées dans le monde à horizon 2030 (objectif de la France sur son territoire ramené à 2022) est un défi de taille puisqu’environ seuls 17% des terres et des mers à l’échelle du globe sont sous protection aujourd’hui. Par ailleurs cet objectif ne doit pas être atteint au détriment des droits des peuples autochtones à disposer de leur territoire, en particulier dans les régions pauvres. Cela implique en effet pour l’UICN d’intégrer l’activité humaine en et hors de ces aires protégées, de décider de concert avec les collectivités locales, les populations autochtones, les associations de la gestion sur la durée de ces territoires.

Pourquoi être présent au Congrès mondial de l’UICN?

La Fondation Nicolas Hulot, qui est membre de l’UICN, sera présente pour appeler à un sursaut des Etats et de la communauté scientifique concernant les actions à mener pour réduire drastiquement l’utilisation des pesticides.

Ceux-ci jouent un rôle prépondérant dans l’effroyable effondrement observé de la biodiversité ces trois dernières décennies et pourtant les moyens manquent cruellement à l’appel pour transformer nos systèmes alimentaires.

Sources

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