Communiqué de presse

Les incohérences du règlement UE sur l’utilisation durable des pesticides

Publié le 23 juin 2022 , mis à jour le 19 juillet 2025

Le règlement UE sur l’utilisation durable des pesticides présente des contradictions majeures entre interdictions nationales et tolérance d’importations contenant des résidus de pesticides. Cette incohérence réglementaire compromet la réduction des pesticides, tout en laissant subsister des effets cancérigènes et des pollutions de l’eau.

La Commission européenne oublie de légiférer sur les pesticides interdits en Europe qui y reviennent pourtant sous forme de denrées importées ou qu’elle produit elle-même pour l’exportation…

La Commission européenne a finalement publié, mercredi 22 juin, le règlement sur l’utilisation durable des pesticides (dit règlement SUR) qui doit fixer 50% de réduction de leur usage dans l’Union d’ici à 2030. La FNH et l’Institut Veblen saluent la publication tant attendue de cette proposition, qui ouvre le nécessaire débat démocratique sur la mise en oeuvre opérationnelle de la stratégie Farm to Fork. Cependant, il est incompréhensible que le règlement ne contienne aucun élément sur la question des importations de denrées agricoles et alimentaires, traitées avec des pesticides interdits en Europe, ni même sur les substances interdites dans l’Union, mais produites sur son territoire pour être exportées…

Malgré l’essor de pratiques telles que l’agroécologie ou l’agriculture biologique, la réglementation actuelle offre des dérogations problématiques, notamment concernant des molécules comme les néonicotinoïdes ou le glyphosate, encore présents dans certains aliments importés.

« Ces pesticides "hors de contrôle" se retrouvent dans les champs des producteurs des pays tiers et par boomerang dans l’assiette des consommateurs européens. Ils créent aussi une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et européens. La Commission rate ainsi une opportunité majeure d’avancer sur la mise en oeuvre effective de « mesures-miroirs », pourtant acté comme une solution dans son rapport du 3 juin dernier. »

Amandine Lebreton, responsable du plaidoyer à la FNH et Mathilde Dupré, co-directrice de l’Institut Veblen :

Mondialisation : comment protéger l’environnement et les agriculteurs ?

Le règlement SUR passe à côté de deux opportunités :

1. Renforcer les règles sur l’utilisation des pesticides pour les produits importés

Alors que la Commission européenne a récemment affirmé la pertinence et la faisabilité juridique de la mise en place de mesures-miroirs, le règlement ne contient aucun élément sur la réciprocité des normes en matière d’utilisation de pesticides entre l’Europe et les autres marchés mondiaux. Une question pourtant centrale auxquelles nos organisations ont apporté une réponse en portant, depuis plusieurs mois, la mise en place de mesures-miroirs pour imposer aux produits importés les mêmes normes, notamment en matière de pesticides, que celles exigées aux agriculteurs européens.
 
La Commission aurait tout à fait pu saisir l’opportunité du règlement SUR pour abaisser les limites maximales de résidus (LMR) au seuil de détection pour tous les pesticides interdits par l’UE, avant une interdiction totale des substances et pratiques bannies par la réglementation européenne.

2. Interdire enfin la production, le stockage et l’exportation depuis l’UE de pesticides interdits par la réglementation européenne.

Le règlement SUR offrait aussi l’occasion de mettre fin à l’incohérence du cadre juridique européen en interdisant enfin la production, le stockage et l’exportation depuis l’UE de pesticides interdits par la réglementation européenne.
 
La FNH et l’Institut Veblen porteront des amendements sur ces points ces prochaines semaines.

Foire aux questions

Quelles sont les incohérences du règlement UE sur les pesticides ?

Le règlement permet à l’UE d’interdire certains pesticides sur le territoire, tout en autorisant leur utilisation dans les produits importés, créant une disparité flagrante entre protection nationale et commerce international. Dans ce contexte, la FNH milite depuis plusieurs années pour l'instauration de mesures-miroirs
 

Comment le règlement UE impacte-t-il la qualité de l’eau ?

Les résidus de pesticides issus de cultures européennes cependant limitées circulent dans les aquifères ; cela fragilise la qualité de l’eau du robinet dans certaines régions.
 

Quels pesticides sont concernés par ces incohérences ?

Des molécules comme les néonicotinoïdes, le glyphosate ou le tétrazine illustrent bien ces incohérences. Bien qu’interdits en France, ces pesticides peuvent encore être présents dans des produits agricoles importés, exposant ainsi les consommateurs à des résidus de substances pourtant jugées dangereuses.
 

Quels sont les effets des pesticides sur la santé ?

Ces résidus peuvent présenter un risque de toxicité, et certains pesticides cancérigènes continuent d’être détectés dans les produits alimentaires importés ou traités dans l’agriculture conventionnelle.
 

Qu’implique la réglementation sur les pesticides en Europe ?

La réglementation sur les pesticides européenne vise à harmoniser les pratiques, mais des disparités subsistent dans son application, notamment entre États membres.
 

Comment ces incohérences freinent-elles la réduction des pesticides ?

Ces failles permettent aux produits contenant des pesticides interdits localement de rester sur le marché, affaiblissant ainsi les efforts de réduction des pesticides.
 

Existe-t-il des alternatives aux pesticides ?

Oui, des démarches en agroécologie, fermes bio et solutions de désherbants alternatifs permettent de réduire les usages de pesticides en marge du cadre réglementaire actuel.
 

Quel est le lien avec l’agriculture biologique ?

L’agriculture biologique, régie par un cahier des charges du bio strict, assure une protection complémentaire en excluant ces molécules controversées.
 

Des labels bio européens protègent-ils de ces incohérences ?

Les labels bio européens garantissent que les produits respectent des seuils de résidus inférieurs, et donc protègent contre les substances interdites ou nocives.
 

Que signifie “interdiction du glyphosate” dans ce contexte ?

L’interdiction du glyphosate s’applique aux cultures nationales, mais celui-ci peut persister dans certains produits importés, soulignant la contradiction du règlement.
 

Comment en savoir plus sur le sujet des pesticides ?

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