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Stopper la bétonisation : tout savoir sur le Zéro Artificialisation Nette

Publié le 18 novembre 2025

Face à l'artificialisation galopante de 20 000 à 30 000 hectares de sols français chaque année, la Fondation pour la Nature et l'Homme défend une approche ambitieuse du Zéro Artificialisation Nette. Cette stratégie environnementale majeure vise à équilibrer développement territorial et préservation des écosystèmes d'ici 2050, tout en répondant aux défis sociaux du logement et de l'aménagement durable.

L'artificialisation des sols : un enjeu environnemental majeur pour la Fondation

Une définition évolutive au cœur des débats

L'artificialisation des sols représente aujourd'hui l'un des moteurs majeurs de dégradation écologique en France. La Fondation pour la Nature et l'Homme souligne l'importance de la redéfinition apportée par la loi Climat et Résilience d'août 2021, qui définit désormais l'artificialisation comme "l'altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d'un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique".
Cette approche fonctionnelle marque une évolution conceptuelle significative par rapport à l'ancienne définition basée uniquement sur l'occupation des sols. Pour la FNH, cette nouvelle définition permet de mieux appréhender les impacts réels sur les écosystèmes, même si les outils de mesure actuels restent encore trop binaires.

Des impacts écologiques et territoriaux préoccupants

La Fondation identifie plusieurs conséquences majeures de l'artificialisation :
  • Impact sur la biodiversité : L'artificialisation fragmenterait la trame paysagère, réduisant le nombre et la variété des habitats naturels. Les prairies (47% des surfaces naturelles artificialisées entre 1990 et 2018) et les zones humides (réduction de 50% entre 1960 et 1990) seraient particulièrement touchées.
  • Perte de terres agricoles : Deux tiers de l'artificialisation s'opère aux dépens des terres agricoles, souvent les plus fertiles situées à proximité des centres urbains. Cette réalité interroge notre capacité à maintenir une autonomie alimentaire dans un contexte de changement climatique.
  • Altération des fonctions écologiques : Les sols artificialisés perdent leurs capacités de stockage du carbone, de filtration des polluants et de régulation du cycle de l'eau, compromettant la résilience des territoires.

La position de la Fondation sur l'objectif Zéro Artificialisation Nette

Un objectif ambitieux mais nécessaire

La Fondation pour la Nature et l'Homme soutient pleinement l'objectif ZAN inscrit dans la loi Climat et Résilience. Cet objectif impose d'atteindre un équilibre entre les surfaces artificialisées et celles renaturées d'ici 2050, avec une première étape de réduction de 50% d'ici 2031.
Pour la FNH, le ZAN représente bien plus qu'un simple objectif quantitatif : il constitue une invitation à repenser fondamentalement nos modèles d'organisation territoriale, d'économie et d'aménagement. Cette transition implique de sortir du paradigme de croissance urbaine illimitée pour développer des modèles de sobriété foncière.

Une approche systémique des moteurs d'artificialisation

La Fondation insiste sur la nécessité d'analyser les causes structurelles de l'artificialisation plutôt que de traiter seulement ses symptômes.
Parmi ces moteurs identifiés :
  1. Le primat de la voiture individuelle dans les systèmes de mobilité
  2. La politique de métropolisation concentrant activités et populations
  3. L'étalement urbain favorisé par certains modèles d'aménagement
  4. La spéculation foncière et l'insuffisante régulation du marché immobilier

Les solutions et les leviers d'action portés par la Fondation

Repenser l'habitat pour concilier ZAN et besoins sociaux

Face au défi de produire 400 000 nouveaux logements annuels avec seulement 100 000 hectares disponibles d'ici 2031, la Fondation propose plusieurs leviers :

  • Lutter contre la vacance et la sous-occupation : Réguler les résidences secondaires et meublés touristiques dans les zones tendues, améliorer le parcours résidentiel des seniors (84% des 65-74 ans en situation de sous-occupation.
  • Développer la densification douce : Privilégier une approche adaptée aux contextes locaux, verticale en milieu urbain dense, horizontale en milieu rural.
  • Promouvoir le logement collectif et social : 84% des logements sociaux étant collectifs, ils ne représentent que 3% de la consommation d'ENAF contre 47% pour l'habitat individuel.
  • Innover dans les formes d'habitat : Développer l'habitat léger, les béguinages, l'habitat partagé et intergénérationnel.

Transformer l'aménagement urbain

La FNH prône une révolution des pratiques d'aménagement :
  • Renouvellement urbain et recyclage foncier : Priorité absolue à la réhabilitation des friches et à la transformation des quartiers existants.
  • Intégration de la nature en ville : Renforcement des trames écologiques pour maintenir la connectivité entre écosystèmes urbains.
  • Planification écologique locale : Ancrage de la politique ZAN dans les documents d'urbanisme avec une meilleure coordination entre collectivités.

Mobilisation de tous les acteurs

La Fondation appelle à une mobilisation générale :
  • Citoyens : Soutien aux projets de plantation via des initiatives comme #JagisJePlante.
  • Entreprises : Questionnement systématique de l'opportunité des projets d'aménagement et recherche d'alternatives moins consommatrices d'espaces.
  • Collectivités : Hiérarchisation des projets selon les besoins sociaux réels et les objectifs de transition écologique.

Les enjeux de mise en œuvre selon la Fondation

Dépasser les approches binaires
La Fondation critique la vision trop simpliste opposant sols "artificialisés" et "non artificialisés". Elle plaide pour des outils plus fins permettant de caractériser la diversité des situations écologiques et d'orienter les décisions vers les solutions les plus favorables à la biodiversité.
Assurer une transition juste
Pour la FNH, la réussite du ZAN passe par sa capacité à réduire simultanément l'artificialisation et les inégalités d'accès au logement, à la mobilité et à la nature. Cette approche de "transition juste" constitue un pilier central de la position défendue par la Fondation.
Renforcer les outils de pilotage
La Fondation préconise :
  • L'amélioration des outils d'aide à la décision pour les collectivités
  • La mutualisation des bonnes pratiques territoriales
  • Le renforcement de la coopération intercommunale
  • L'adaptation des financements publics aux objectifs ZAN

Vers une sobriété foncière écologiquement efficace

 

La position de la Fondation pour la Nature et l'Homme sur le Zéro Artificialisation Nette s'inscrit dans une vision globale de transformation écologique et sociale des territoires. Loin de considérer le ZAN comme une contrainte, la Fondation y voit une opportunité historique de réconcilier développement urbain, justice sociale et préservation de la biodiversité.
Cette approche systémique, qui replace l'enjeu foncier au cœur des politiques de transition écologique, témoigne de l'engagement de la FNH pour un aménagement territorial respectueux des limites planétaires et des besoins humains. L'objectif de stopper la bétonisation d'ici 2050 représente ainsi un défi majeur qui nécessite une mobilisation sans précédent de tous les acteurs de la société.

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