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ZAN en Île-de-France : concilier logement et biodiversité

Publié le 25 février 2025 , mis à jour le 20 juillet 2025

Est-il possible de proposer des logements abordables, sans bétonner davantage en Ile-de-France ? C’est la question à laquelle la Fondation souhaite répondre en s'associant à France Nature Environnement Ile-de-France (FNE IDF) et à la Fondation pour le Logement des Défavorisés (FLD) à travers une nouvelle étude à paraitre cette année. Une initiative qui s'inscrit dans la continuité des travaux menés par la Fondation pour promouvoir un urbanisme durable et socialement juste.

Rapport

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En Île-de-France, la tension foncière est telle qu’elle pourrait laisser croire à une incompatibilité entre lutte contre l’artificialisation et création de logements. Pourtant, concilier sobriété foncière et réponse au mal-logement est non seulement possible, mais nécessaire pour préserver la biodiversité et le cadre de vie des habitants. C’est tout l’enjeu de l’objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN), dont cette région est un territoire clé d’expérimentation.

Un travail dans la continuité

En mars 2024, la Fondation avec la FLD, publiait un rapport démontrant que l'objectif Zéro Artificialisation Nette offrait une réelle opportunité de lutter simultanément contre l'artificialisation des sols et le mal-logement. Dans ce rapport, construit à partir de témoignages d’experts et de collectivités déjà engagées dans une politique de sobriété foncière, la Fondation proposait une large palette de leviers à disposition des territoires pour à la fois limiter l’artificialisation des sols et proposer une offre de logements abordables. Parmi eux : la résorption de la vacance des logements et des bureaux, la régulation des résidences secondaires, la densification douce ou encore la construction de logements peu consommateurs d'espaces naturels, agricoles ou forestiers.

Cette nouvelle étude, soutenue par la Fondation, a pour objectif de passer de la théorie à la pratique en mettant en évidence les opportunités réelles de production de logements sur le territoire francilien, sans avoir recours à l'artificialisation des sols.

Proposer des logements abordables tout en respectant les sols agricoles et naturels suppose un changement de paradigme. La densification douce, la réutilisation du bâti existant ou encore la transformation de friches sont autant d’alternatives concrètes à l’étalement urbain. Ces leviers permettent de préserver les espaces agricoles, forestiers et les écosystèmes locaux, tout en répondant à l’urgence sociale du logement.

L’Ile-de-France, une région clé de la lutte contre l’artificialisation

L'Île-de-France se trouve aujourd'hui confrontée à un défi majeur : concilier son développement urbain avec la préservation de ses espaces de nature. Cette région, la plus artificialisée de France métropolitaine avec 25% de son territoire bétonné, continue de perdre environ 774 hectares de terres chaque année, principalement en raison de la construction de logements. Cette artificialisation galopante a des conséquences alarmantes sur l'environnement et la qualité de vie des habitants, avec notamment 31% de la population vivant dans des zones classées comme îlots de chaleur.

Malgré son statut de région la plus artificialisée, l'Île-de-France bénéficie d'une dérogation à la loi Climat & Résilience, lui permettant de définir sa propre trajectoire de réduction de l'artificialisation des sols. Cependant, le nouveau schéma d'aménagement régional (SDRIF-E) propose une diminution de l'artificialisation qui reste insuffisante pour atteindre l'objectif national de zéro artificialisation nette (ZAN) d'ici 2050.

Face à cet enjeu majeur, la nouvelle étude FNE, FNH et FLD se concentre sur les solutions permettant de répondre aux besoins de logement en Île-de-France sans recourir à l'artificialisation des sols. En explorant des pistes telles que la densification du tissu urbain existant, la réhabilitation des friches ou l'optimisation des espaces déjà artificialisés, elle vise à proposer des réponses concrètes pour concilier les impératifs de développement urbain et de préservation de l'environnement.

Cette étude pourrait ainsi offrir un cadre précieux pour guider la région vers l'objectif ZAN, en démontrant qu'il est possible de répondre à la pression foncière et aux besoins croissants en logements tout en préservant la biodiversité et en améliorant la qualité de vie des habitants. Elle pourrait également servir de modèle pour d'autres régions confrontées à des défis similaires, contribuant ainsi à une approche plus durable de l'aménagement du territoire à l'échelle nationale.

En démontrant qu’il est possible de produire des logements sans recourir à l’artificialisation, l’Île-de-France peut jouer un rôle moteur. Elle deviendrait un modèle de planification territoriale intégrant biodiversité, justice sociale et sobriété foncière. Une dynamique à renforcer pour respecter les normes biologiques et les engagements climatiques nationaux.

Foire aux questions

Pourquoi l’Île-de-France est-elle une région clé pour le ZAN ?

L’Île-de-France est la région la plus artificialisée de France métropolitaine avec 25 % de son territoire déjà urbanisé. Elle continue de perdre chaque année plus de 700 hectares, principalement à cause de la pression immobilière. En agissant ici, on maximise l’impact de la sobriété foncière sur le plan national.
 

Peut-on construire sans artificialiser en Île-de-France ?

Oui, de nombreuses pistes permettent de produire des logements sans consommer de nouveaux espaces naturels. La densification douce, la réhabilitation de friches, la reconversion de bureaux vacants ou la régulation des résidences secondaires sont autant de leviers efficaces. L’étude menée par la FNH, FNE IDF et la FLD vise justement à les cartographier concrètement.
 

En quoi consiste la densification douce ?

Il s’agit d’augmenter le nombre de logements disponibles dans des zones déjà urbanisées, sans nuire à la qualité de vie. Cela peut passer par l’ajout d’étages, la transformation de maisons individuelles en petits immeubles ou encore la réhabilitation de bâtiments vacants. Elle permet de répondre aux besoins de logement tout en limitant l’étalement urbain.
 

Quel est le lien entre mal-logement et artificialisation ?

Le mal-logement pousse à construire toujours plus, souvent au détriment d’espaces naturels. Pourtant, il est possible de proposer une offre adaptée et accessible en mobilisant le bâti existant et en repensant les parcours résidentiels (notamment pour les seniors). Concilier sobriété foncière et justice sociale est non seulement souhaitable, mais faisable.
 

Quels sont les impacts environnementaux de l’artificialisation ?

Elle détruit les habitats naturels, réduit la biodiversité, aggrave les îlots de chaleur et perturbe les cycles de l’eau. En Île-de-France, cela se traduit notamment par une baisse de la qualité de vie et une exposition accrue à la chaleur pour près d’un tiers de la population. C’est pourquoi chaque hectare préservé compte.
 

Le SDRIF-E est-il suffisant pour atteindre le ZAN ?

Le schéma directeur régional d’Île-de-France (SDRIF-E) propose une trajectoire de réduction de l’artificialisation, mais elle reste insuffisante au regard des objectifs nationaux. Sans un effort plus ambitieux et des moyens renforcés pour les collectivités, la région risque de ne pas respecter l’échéance 2050 du ZAN. L’étude FNH-FNE-FLD vise à proposer des alternatives concrètes pour y parvenir.
 

Que dit la loi Climat et Résilience sur l’Île-de-France ?

Elle accorde une certaine souplesse à la région, qui peut définir sa propre trajectoire. Cette exception reflète la complexité du territoire, mais elle ne doit pas devenir un prétexte au statu quo. La dynamique impulsée par le ZAN doit rester l’objectif prioritaire, avec un engagement fort des acteurs locaux.
 

La réhabilitation des friches est-elle vraiment une solution ?

Oui, les friches représentent un gisement foncier stratégique, notamment en milieu urbain dense. Elles permettent de construire sans étendre l’urbanisation, tout en revitalisant des quartiers parfois en déclin. Bien accompagnée, leur reconversion est un levier puissant pour atteindre le ZAN.
 

Pourquoi faut-il réguler les résidences secondaires en Île-de-France ?

Dans les zones tendues, une trop forte part de résidences secondaires ou de meublés touristiques prive les habitants d’un accès au logement. En régulant ces usages, on libère des biens à l’année sans artificialiser davantage. C’est un outil de justice sociale autant qu’un levier de sobriété foncière.
 

Peut-on appliquer ce modèle à d’autres régions ?

Oui, l’Île-de-France sert de laboratoire à grande échelle pour penser une urbanisation sobre et inclusive. Les leviers explorés dans cette étude sont transposables dans d’autres contextes régionaux, en tenant compte des spécificités locales. Cette approche territorialisée du ZAN est indispensable pour réussir la transition.
 

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Pour comprendre les moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre du ZAN dans les territoires et accompagner les collectivités dans leurs projets, nous vous invitons à lire  Financer le ZAN : quelles solutions pour un foncier durable ?

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