Décryptage

Quels sont les bénéfices de l’agriculture biologique ?

Publié le 02 septembre 2021 , mis à jour le 19 juillet 2025

Biodiversité, pesticides, santé… entre idées reçues et arguments erronés, quels sont les bénéfices réels de la bio ? Faisons le point.

En 2020, plus de 9 français sur 10 déclarent avoir consommé des produits biologiques et 13% en consomment tous les jours1. La dynamique de la bio en France est importante : elle est le 2e marché alimentaire bio de l’UE après l’Allemagne et les surfaces agricoles en bio sont en hausse de 9% depuis 20202. C’est aussi un secteur qui emploie près de 200 000 emplois directs. Malgré le succès retentissant qu’elle connaît depuis quelques années, elle continue à soulever bien des questions. Nous vous proposons de rétablir la vérité sur un mode de production très vertueux à bien des égards !

Une ferme bio emploie 30% de main d’œuvre de plus qu’une ferme non bio.

Agence Bio 2022

Agriculture biologique, de quoi parle-t-on exactement ?

Revenons sur les fondements même de l’agriculture biologique. Cette dernière s’est développée en réaction contre l’utilisation massive des produits de synthèse (engrais et pesticides) dans les pays industrialisés dès les années 60. Elle se fonde sur la valorisation des processus biologiques naturels, sur l’équilibre entre le sol, les animaux et la culture, sur le respect des cycles naturels et s’appuie sur une approche globale de l’exploitation agricole et de son milieu. L’agriculture biologique est un mode de production qui allie le respect de la biodiversité, la préservation des ressources naturelles et le respect du bien-être des animaux à bien des égards (par exemple l’utilisation des cages, cases et sols grillagés ne sont pas permis quelles que soient les espèces).

L’agriculture biologique permet une réduction massive des pesticides, en particulier des pesticides cancérigènes ou persistants dans l’environnement. Elle constitue une alternative aux pratiques conventionnelles et répond à la question : à quoi servent les pesticides, si ce n’est à maintenir un modèle agricole devenu obsolète face à l’urgence écologique et sanitaire.

Agriculteur bio
© Deimagine / Istock

Dans la pratique, l’agriculture biologique est encadrée par un règlement européen qui précise les règles à suivre concernant la production, la transformation, la distribution, l’importation, le contrôle et l’étiquetage des produits européens. Comme cela est inscrit dans son cahier des charges, l’agriculture biologique est un mode de production exempt de produits de synthèse -pesticides et engrais- et d’OGM. C’est notamment sur cette base que sont certifiés les produits bio, par un organisme tiers pour être ensuite proposés aux consommateurs.

Ainsi, pour atteindre un équilibre favorable à la santé des cultures, les agriculteurs bio privilégient les rotations culturales longues et variées, l’autonomie alimentaire des troupeaux, l’économie des pesticides et des engrais.

L’agriculture bio : la réponse aux impacts globaux sur la santé, l’eau, la biodiversité, les sols, l’air

Au vu de l’urgence environnementale, l’agriculture biologique, tout comme plus largement l’agroécologie, restent les réponses les plus pertinentes aux impacts sur la santé, sur l’eau, la biodiversité, les sols, le climat et l’air.

Pourquoi ? Car ces solutions reposent sur la diversité à tous les échelons, du génome de la plante jusqu’aux territoires. Et selon une étude scientifique parue en novembre 20203 , cette diversification améliore la biodiversité, la pollinisation, le contrôle des maladies, le cycle des nutriments, la fertilité du sol, etc.

On retrouve + 20% d'abeilles adultes et + 53% de miel dans les colonies entourées de parcelles agricoles en bio, par rapport aux parcelles en agriculture conventionnelle.

Selon une étude réalisée par le CNRS, l’Inra et La Rochelle Université (2019)

En s’appuyant sur les fondements de l’agroécologie, les fermes bio et fermes en permaculture visent une production plus respectueuse des services écosystémiques. Les légumes et fruits bio ainsi produits contribuent à améliorer la santé publique, tout en réduisant la présence de tétrazine ou d’autres substances controversées dans notre alimentation.

En plus de préserver l'environnement et notre santé, l’agriculture biologique a des atouts économiques très intéressants : elle est intensive en emplois, potentiel économique des exploitations agricoles intéressant, etc. En effet en 2020, le secteur bio est créateur d’emplois avec 200 000 emplois directs (dont 123 300 emplois directs dans les fermes). Ce nombre a été multiplié par 1,6 depuis 20164 ! Elle constitue donc une réponse très positive dans un contexte socio-économique difficile pour les agriculteurs et agricultrices4.

Pour toutes ces raisons, l’agriculture biologique (AB) doit être soutenue en priorité ! En effet, elle rend d’indispensables services écosystémiques que les lois du marchés actuelles ignorent et elle constitue une solution aux défis de l’emploi et de la juste rémunération pour les agriculteurs.

Le saviez-vous ? Les objectifs fixés pour la bio, pas encore atteints !

L’État français et la Commission européenne ont fixé pour objectif d’atteindre 15% de la surface agricole française en 2022 et 25% de la surface agricole européenne en 2030… Actuellement seuls 10,3% de la surface agricole française est en bio, et 13% des producteurs et 19% de l’emploi agricole français sont en bio. Les ambitions de développement affichées dans les textes doivent donc être confortées par des dispositifs de soutien clairs.

Pesticides : l’agriculture biologique répond à un cahier des charges strict et ambitieux !

L’agriculture bio est parfois attaquée pour le recours qu’elle fait de « pesticides utilisables en AB ». Pourtant, il est important de rappeler la rigueur de la réglementation bio et du cahier des charges : il est formellement interdit d’utiliser des pesticides (ainsi que des engrais) de synthèse, ce qui représente une grande majorité des pesticides vendus en France en 2020, et les plus préoccupants en raison de leur persistance et de leur rémanence, dans les écosystèmes comme dans les organismes des citoyens.

Pour être certifiés bio, les produits issus de l’agriculture biologique doivent très scrupuleusement respecter le règlement européen Bio cadré par la Commission européenne. Le mode de production biologique est extrêmement contrôlé, sur la base de contrôles au minimum annuels sur chaque ferme, certains de ces contrôles ayant lieu de manière non programmée.

Le cahier des charges du bio repose sur des normes biologiques précises, dont l’interdiction des pesticides de synthèse et des désherbants autorisés en conventionnel, comme le glyphosate. Il encadre aussi l’usage raisonné de substances naturelles, afin de limiter les résidus de pesticides et la contamination de l’eau du robinet.

L’agriculture bio agit au maximum en prévention pour lutter contre les maladies et les ravageurs en privilégiant des pratiques agricoles bénéfiques pour l’environnement pour se passer au maximum des traitements. Uniquement en cas de menace avérée pour une culture et seulement pour cette raison l’utilisation d’un « pesticide utilisable en AB » peut être autorisée. Ces substances à l’action pesticides sont toutes issues ou dérivées de substances naturelles (notamment pour faciliter leur dégradation dans l’environnement). Elles doivent être autorisées par le règlement européen encadrant l’agriculture biologique et bénéficier d’une autorisation de mise sur le marché délivrée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES)6. Aujourd’hui, une soixantaine substances actives naturelles sont autorisées par le règlement européen Bio.

L’utilisation de ces produits est également réglementée car ils peuvent avoir des effets indésirables pour la biodiversité. C’est le cas du soufre, du cuivre ou encore du Spinosad. Le cuivre est autorisé pour ses propriétés fongicides pour lutter contre le mildiou par exemple. D’ailleurs, si le cuivre est utilisable en agriculture bio, ce n’est pas en majorité sur les productions agricoles bio qu’il est réellement employé : selon l’Autorité Sanitaire de Sécurité des Aliments (EFSA), on retrouve en 2019 81% du total des résidus de cuivre dans les produits dits conventionnels et 4% dans les produits en bio.

A ce jour, l’agriculture bio est l’approche agroécologique sur laquelle elle est basée sont les modes de production les plus respectueux de l’environnement et de la santé. Cela, n’empêche pas de veiller à ce que l’agriculture bio continue de s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue ! Cela passe notamment par :

  • une révision de la réglementation pour des exigences environnementales toujours plus ambitieuses en termes de suppression de certains produits ou de doses maximales autorisées.
  • un accompagnement massif et sans faille, notamment des pouvoirs publics, aux agricultrices et agriculteurs dans le long et nécessaire processus de transformation des systèmes de production.

Le soutien aux aides à l’agriculture biologique et au versement des aides à la conversion bio est essentiel pour atteindre les objectifs du Plan Écophyto, qui vise à limiter l’usage des produits chimiques. Le développement des semences biologiques joue également un rôle essentiel dans cette transition agricole.

Foire aux questions

Quelle est la définition de l’agriculture biologique ?

C’est un mode de production excluant les pesticides et engrais de synthèse, reposant sur le respect de la biodiversité, des cycles naturels et de l’environnement.
 

Quels sont les avantages de l’agriculture biologique ?

Elle réduit les pesticides, protège l’eau, la santé, les sols et la biodiversité tout en favorisant l’emploi local et l’autonomie alimentaire.
 

Pourquoi les pesticides sont-ils interdits en bio ?

Les pesticides interdits en bio sont ceux de synthèse, jugés préoccupants. Le règlement européen impose des substances naturelles, plus facilement biodégradables.
 

L’agriculture biologique réduit-elle les résidus de pesticides ?

Oui. Les produits issus du bio présentent beaucoup moins de résidus de pesticides, ce qui limite la contamination de l’eau du robinet et des aliments.
 

Quelles sont les normes biologiques à respecter ?

Elles sont définies par un cahier des charges du bio, incluant l’interdiction des OGM, des engrais chimiques, des désherbants autorisés en conventionnel.
 

Que dit le Plan Écophyto sur la bio ?

Le Plan Écophyto encourage la baisse de l’usage des pesticides. L’agriculture biologique est au cœur de cette stratégie nationale de transition.
 

Quels labels bio garantissent l’absence de pesticides ?

Les labels bio, comme AB ou Eurofeuille, certifient des produits cultivés selon les normes européennes interdisant les pesticides cancérigènes.
 

Existe-t-il des alternatives aux pesticides en bio ?

Oui, comme la rotation des cultures, la gestion des haies ou l’utilisation de semences biologiques adaptées aux conditions locales.
 

Comment sont aidés les agriculteurs bio ?

Ils peuvent bénéficier d’aides à l’agriculture biologique et d’un versement des aides à la conversion bio, pour les accompagner dans la transition.
 

Quelles différences entre agriculture bio et ferme en permaculture ?

La ferme en permaculture suit une logique proche, mais plus globale et parfois moins encadrée réglementairement que le bio.
 

Comment approfondir ce sujet ?

Sources

1- Agence Bio, 2021 

2- Agence Bio, 2022

3- Tamburini G. et al., “Agricultural diversification promotes multiple ecosystem services without compromising yield”, nov. 2020.

4- Agence Bio, 2021 

5-FNH, étude « Réduction des pesticides en France : pourquoi un tel échec ? », février 2021.

6- Agence Bio : L'agriculture biologique utilise-t-elle des pesticides ? 

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