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Comment aider la biodiversité au printemps ?

Publié le 19 avril 2023 , mis à jour le 29 août 2023

C’est au printemps, en recréant des micro écosystèmes favorables à l’hébergement de toute une petite faune que l’on peut réellement être utile et participer à la préservation du vivant. Et bonne nouvelle : chacun peut agir à son échelle. Profitons-en pour donner un coup de pouce aux espèces pouvant s’épanouir au balcon, au jardin ou en participant à des actions collectives de préservation de la nature.

biodiversité au printemps

Le printemps, une saison clé pour aider la biodiversité près de chez soi

L’effondrement des populations d’oiseaux, d’insectes, d’amphibiens, de reptiles et plantes pourtant indispensables à la bonne santé des écosystèmes connaît une accélération sans précédent. A titre d’exemple, les populations de chauve-souris ont diminué de moitié en France métropolitaine en 10 ans (2009-2019), tandis que les populations d’oiseaux des milieux agricoles ont diminué de 30% depuis 1990.

La France, riche d’une très grande diversité de faune et de flore – dont une grande partie se situe dans les Outre-Mer – est aussi l’un des dix pays qui, selon la liste rouge de l’UICN, hébergent le plus d’espèces menacées. En France métropolitaine, 32% des espèces d’oiseaux nicheurs et 23% des espèces d’amphibiens sont menacés selon l’UICN. . Un premier état des lieux complet publié tout récemment par l’UICN indique également que 10 % des araignées de France métropolitaine sont menacées de disparition.

La pression croissante des activités humaines (destruction des habitats naturels, surexploitation des ressources, changements climatiques, pollutions,  introduction d’espèces exotiques envahissantes) dégrade fortement les écosystèmes, sans que leur soit laissé le temps et l’espace de se régénérer. Ainsi, ce sont des chaînes alimentaires entières qui s’effondrent car plantes et animaux agissent en synergie et sont interdépendants: la disparition d’une fleur ou d’une plante hôte peut entraîner l’effondrement d’une population d’insectes, elle-même source de nourriture pour des oiseaux.

Agir au printemps en ville ou à la campagne

J’agis pour la biodiversité sur mon balcon

Si on ne prétend pas sauver la biodiversité depuis son balcon, il est néanmoins possible d’aménager utilement ce petit espace pour fournir le gite et le couvert à certaines espèces d’insectes ou d’oiseaux, et ainsi les aider à se nourrir, s’abreuver et se mettre à l’abri.

Pour végétaliser votre balcon, veillez à diversifier les plantations et à utiliser des variétés locales (attention aux plantes exotiques), en jouant sur les zones d’ombre et de soleil et la diversité des formes : jardinières de fleurs, de plantes aromatiques, de petits légumes, ou encore surmontées d’une treille en bois pour plantes grimpantes comme le lierre, la clématite, la vigne vierge ou le chèvrefeuille). Les grandes orties permettent par exemple d’accueillir de nombreuses espèces d’insectes, notamment des papillons comme le paon du jour ou le vulcain (groupe des vanesses).

Cette diversité permet d’offrir des microhabitats variés correspondants aux besoins spécifiques d’espèces différentes (les insectes pollinisateurs, par exemple, ne butinent pas les mêmes fleurs en fonction de leur morphologie). De même, on peut  alterner les fleurs précoces (glycine, phacélie), vivaces (clématite, valériane, rosiers, aster -prolifique jusqu’en fin de saison-, et les annuelles comme les colorés cosmos, roses d’Inde, capucines, dahlias pour étaler la floraison, varier les couleurs et les parfums depuis la fin de l’hiver jusqu’à l’automne.

Cultiver des plantes mellifères pour contribuer à la sauvegarde des pollinisateurs

Naturellement, on n’utilisera pas d’intrants chimiques, le but étant au contraire de favoriser les interactions entre les différentes espèces. Précieux auxiliaires, les coccinelles sont ainsi les prédateurs naturels des pucerons. Moins populaires les guêpes, syrphes et araignées gagnent à être mieux connues, les regarder évoluer sur son balcon peut-être un bon moyen de dépasser ses peurs pour mieux les apprécier, car on protège mieux ce que l’on connaît bien !

Le truc en plus :  lire les étiquettes sur les sacs de terreau achetés en jardinerie pour éviter ceux contenant de la tourbe. Ces zones humides qui séquestrent du carbone sont des milieux fragiles, mettant des centaines voire des milliers d’années pour se constituer. Leur détérioration et leur surexploitation relâchent ainsi dans l’atmosphère des quantités colossales de CO2. (Les tourbières couvrent 3 % de la surface du globe mais représentent 25% du carbone total piégé dans les sols (source CNRS)

Les oiseaux entrent fréquemment en collision avec les grandes surfaces vitrées, qu’ils ont du mal à distinguer en vol. On peut prévenir ce risque en apposant des stickers sur les vitres, afin que les oiseaux matérialisent l’obstacle et s’en détournent. Les oiseaux, comme le reste de la faune, sont également sensibles à la pollution lumineuse, qui perturbe notamment les déplacements, les cycles d’activité et de reproduction. On veille donc à réduire la pollution lumineuse : cela passe notamment par la fermeture des rideaux la nuit, l’extinction des lumières sur les balcons et dans les jardins.

J’agis pour la biodiversité dans mon jardin

Pas de taille de haies entre le 15 mars et le 15 août.

S’il fallait ne retenir qu’un geste, ce serait celui-ci, puisque c’est la période où le Rouge-gorge familier, le merle noir, le verdier d’Europe, le pinson des arbres, l’accenteur mouchet et bien d’autres espèces y installent leur nid et élèvent leurs petits.

L’OFB (office français pour la biodiversité) rappelle que depuis les années 50, 70% du linéaire de haies agricoles a été détruit, soit 1,4 million de kilomètres, avec de graves répercussions puisque les haies rendent de multiples services : protection des sols contre l’érosion, rempart contre les vents, infiltration de l’eau et bien sûr un habitat pour la biodiversité. Toujours selon l’OFB « Quand elles sont bien gérées, les haies peuvent accueillir jusqu’à 35 espèces de mammifères, 80 espèces d’oiseaux, 8 espèces de chauves-souris, 15 espèces de reptiles et amphibiens ou encore 100 espèces d’insectes. »(source article Reporterre )

Stop au nettoyage de printemps Ode à la paresse, on laisse faire la nature

Laissons aussi les herbes folles (et non plus « mauvaises ») grandes orties, hautes tiges graminées et fleurs mellifères proliférer. Cessons de ramasser, nettoyer le bois mort, les feuilles sèches, les pierres.

Au sortir de l’hiver et en vue de la saison des naissances, les insectes, les oiseaux et les petits mammifères ont besoin de se nourrir.

Laissons des parcelles se réensauvager et profitons des beaux jours pour observer les abeilles et les papillons butiner, écouter le chant des oiseaux, le vrombissement d’une libellule, apercevoir un hérisson.

Regardons les friches d’un œil bienveillant, elles recèlent des trésors de biodiversité.

Comment protéger la biodiversité avec les sciences participatives ?

Gardons à l’esprit qu’installer un hôtel à insectes ou un nichoir sur son terrain est vain si à côté de cela on ne crée pas un environnement accueillant et nourricier, que l’on tond la pelouse au carré et coupe ce qui dépasse et/ou pique.

Comment protéger la biodiversité avec les sciences participatives ?

Laissez les interstices dans un mur de pierres

Cela permet aux lézards s’y installer, même chose sur les façades si l’on rebouche chaque fissure puisque les chauve-souris se réfugient dans les anfractuosités des murs. indispensable aussi pour les hirondelles d’avoir accès aux granges, remises et autres bâtiments non aménagés dans lesquelles elles iront retrouver leurs nids. Les chouettes investissent également des combles quand elles n’ont pas d’arbre creux à disposition.

On entretient une mare ou aménage un point d’eau,

Une action autant pour accueillir grenouilles, crapauds, tritons que pour abreuver (d’autant plus d’actualité avec les sécheresses de ces dernières années) oiseaux et insectes. L’ajout de pierres affleurant la surface, ainsi que des bords en pente douce, faciliteront l’accès à ces derniers sans risque de se noyer.

Au printemps, le retour des beaux jours nous incite à passer à l’action

Quoi de plus gratifiant en effet que d’investir de son temps et de son énergie pour une juste cause ? Allier l’utile à l’agréable et son effet « feel good », c’est ce que la FNH propose avec deux programmes pour agir en faveur de la biodiversité.

Apprendre à planter comme un pro avec J'agis Je Plante

Comment devenir des planteurs et planteuses de haies, de murs végétaux, de bosquets comestibles ou de mini-forêts urbaines en rejoignant la campagne #JagisJePlante. Sur le site www.jagisjeplante.org, la FNH explique quels sont les types de plantation à privilégier et pourquoi, où planter pour être efficace et comment s’y prendre.

Avec #JagisJePlante, aidons la biodiversité

On comprend et on apprend comment et surtout quoi planter en fonction de son environnement et des conditions du milieu : pluviométrie, climat, exposition, nature du sol… et comment sélectionner les essences composant les haies qui vont offrir le gîte et le couvert à une faune très diversifiée.

Une formation ludique avec 64 tutos vidéos, des fiches téléchargeables, posters et un guide du planteur n’attendent que vous. C’est 100% utile, pratique et gratuit.

Trouver des actions de préservation de la biodiversité avec la plateforme J'agis pour la Nature

La plateforme "J'agis pour la nature" propose de mettre en relation les associations qui organisent des chantiers de protection de la nature et cherchent des bénévoles pour les aider, et ceux qui souhaitent passer à l’action, mais ne savent pas trop comment, et où s’engager, en fonction de leur temps disponible et de leurs préférences. Plantations, ramassage de déchets, aménagement de sites, observation et comptage : chacun y trouvera sa mission de prédilection !

Dernière recommandation pour les sportifs et randonneurs, on reste vigilant à son empreinte sur le milieu. On reste dans les sentiers balisés pour ne pas trop déranger la faune et ne pas piétiner partout. On ne cueille pas de plantes et, cela va sans dire, on ramasse tous ses déchets ! 

Pour en savoir plus sur les actions qu'on peut adopter lors de ses activités sportives, retrouver toutes nos fiches "activités de loisirs" 

Adoptez les bons gestes dans vos loisirs

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