Défendre une agriculture sans pesticides

Loi Duplomb pour l’agriculture : ce que vous devez savoir

Publié le 07 mai 2025 , mis à jour le 12 mai 2025

La proposition de loi dite « PPL Duplomb », visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, est examinée durant tout le mois de mai à l’Assemblée nationale. Entre reculs sur les pesticides et conditions favorables aux plus gros exploitants intensifs, ce texte nous inquiète. Loin d’être un plan de sauvetage pour le monde agricole comme il est présenté par ses défenseurs, il représente un danger à la fois pour la biodiversité et la santé, mais aussi pour le monde agricole dans son ensemble. La bonne nouvelle ? Il est encore possible de le stopper. Pour y parvenir, nous devons agir ensemble et vite !

Mobilisez-vous à nos côtés en adressant un email à 10 députés que nous avons identifiés comme clé pour s’opposer au texte. Nous avons tout préparé pour vous simplifier la tâche. Message pré-rédigé, adresses email des destinataires déjà saisies….Tout est prêt, il n’y a plus qu’à cliquer.

J'interpelle les députés

Pourquoi la loi « Duplomb » promet un retour en arrière qui ne sera bon pour personne ?

Sous couvert de répondre aux revendications légitimes du monde agricole, cette proposition de loi soutient une agriculture toujours plus intensive au détriment de notre environnement et de notre santé. Elle représente un recul environnemental majeur alors même que l’agence française de santé (l'ANSES) vient de confirmer l'impact des pesticides sur le développement neuronal des enfants et que nous faisons face à un effondrement alarmant de la biodiversité.

Parmi les mesures les plus problématiques :

Un assouplissement des règles sur les pesticides.

La proposition de loi prévoit, au mépris des avis défavorables des agences de sécurité sanitaires française (ANSES) et européenne (EFSA) la réintroduction de l’Acétamipride, un pesticide néonicotinoide pourtant interdit depuis 2018. Ce redoutable pesticide tue les abeilles même à de très faibles doses et il est dangereux pour la santé humaine . Des études l’associent à des problèmes de neuro-développement chez le fœtus, à des altérations du foie et à des perturbations hormonales…

Elle souhaite plus globalement favoriser l’usage des pesticides de synthèse dans les fermes conventionnelles. Pour y parvenir, il est envisagé d’affaiblir le rôle et l’indépendance politique et économique de l’ANSES, notamment grâce à la création d’un conseil de professionnels et de syndicats agricoles pouvant imposer des priorités d’usages de pesticides. 

Un allègement de la réglementation pour favoriser la construction de gros élevages intensifs.

Au prétexte d’une plus grande compétitivité des éleveurs, la loi prévoit d’assouplir la réglementation des installations d'élevage soumises à ICPE, autrement dit des installations agricoles à fort impact environnemental qui génèrent méthane et nitrates – valant à la France des condamnations régulières – mais aussi des émanations d’ammoniac. Cela se justifie d’autant moins que seuls 3% des exploitations les plus intensives pourraient en bénéficier. En effet, la majorité des éleveurs en difficulté ne sont pas concernés par ces normes. Il faudrait au contraire aider à maintenir les fermes à taille humaine et sécuriser des débouchés de qualité.

Pour couronner le tout, favoriser de telles exploitations freinerait l’installation des jeunes agriculteurs ; aggravant la problématique du renouvellement des générations en agriculture.

Pourquoi pensons-nous pouvoir stopper la loi Duplomb ?

En février dernier, nous avons dû nous mobiliser en urgence lors du vote de la Loi d’Orientation Agricole (LOA) et avons obtenu une victoire déterminante : le maintien de l’objectif national de développement de l’agriculture biologique (21% de surfaces agricoles utiles en bio d’ici 2030). Un objectif qui avait été supprimé du texte initial, menaçant directement l’avenir du bio en France. Dans un projet de loi qui renforçait l’agriculture intensive, les pesticides et l’élevage industriel, la disparition de cet objectif aurait marqué un recul historique pour la transition écologique.

En moins de 48 heures, la Fondation a mobilisé près de 100 organisations partenaires, lancé une pétition qui a rassemblé plus de 62 000 signatures en une semaine et réalisé un travail de plaidoyer stratégique auprès des parlementaires. 

Si nous avons réussi pour la LOA, nous pouvons réussir pour la loi Duplomb. Nous sommes nombreux·ses à vouloir un avenir où agriculture rime avec respect du vivant et de la santé. C’est le moment de le faire savoir en envoyant un message aux parlementaires pour stopper le texte.

J'interpelle les députés

Comprenez plus précisément ce qui se joue avec la Loi Duplomb et faites-vous un avis 

Vous souhaitez en savoir un peu plus sur ce que prévoit la loi ? Nous vous proposons de prendre moins de 4 minutes pour compléter notre enquête « Loi Duplomb pour l’agriculture : quels impacts sur votre vie et la nature ? ». En 6 questions, découvrez ce qui se joue vraiment et dites-nous ce que vous, vous en pensez.

Comment protéger la biodiversité, les consommateurs et les agriculteurs ?

Parce que les agriculteurs méritent mieux qu'une déréglementation environnementale qui ne profitera qu'à une minorité au détriment des autres; parce que les exemples se multiplient pour démontrer qu’un autre modèle basé sur l’agroécologie existe déjà et qu’il fonctionne, la Fondation agit auprès des décideurs politiques pour défendre 4 chantiers clés :

  • Des mesures de conseil et d’accompagnement des agriculteurs pour réduire l’utilisation de pesticides.
  • Un soutien renforcé aux pratiques agroécologiques qui préservent notre environnement.
  • Une meilleure répartition de la valeur dans les filières agricoles.
  • Un accompagnement des agriculteurs vers des modèles plus résilients et moins dépendants aux intrants chimiques et aux importations (80% des engrais de synthèse sont importés, notamment de Russie, et 3 millions de tonnes de soja sont importées chaque année).

Découvrez aussi les témoignages de Daniel, Jean-Bernard et Pierre qui expliquent pourquoi ils ont choisi de s’orienter vers l’agroécologie.

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