Défendre une agriculture sans pesticides

Quelles nouvelles règles de commerce international pour une alimentation durable ?

Le 10 février, dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne, la Fondation pour la Nature et l’Homme, INTERBEV et l’Institut Veblen appellent trois ministres européens, dont Julien Denormandie, et 10 eurodéputés à débattre des mesures miroirs. Objectif : entraîner la Commission européenne sur l’application de ce principe, pour que les denrées alimentaires importées respectent enfin les mêmes normes sanitaires, environnementales et sociales que les denrées produites en Europe. Une condition indispensable pour permettre d’accélérer la transition écologique et mettre fin à la concurrence déloyale subie par les agriculteurs européens.

Cet événement intervient suite à la publication de notre rapport « Mondialisation : comment protéger nos agriculteurs et l’environnement » qui pointe la nécessité de mesures-miroirs pour assurer une réciprocité des normes de productions aux partenaires commerciaux de l’UE. En 2022 la France préside le Conseil de l'Union européenne pendant 6 mois. Elle a donc un rôle clé à jouer dans l'adoption de ce nouveau règlement qui vise à protéger l'environnement, les agriculteurs et la santé des Européens.

De nouvelles règles de commerce international pour une politique européenne cohérente au service d’une alimentation durable

Jeudi 10 février 10:15-12:15 / The Merode, Bruxelles

Possibilité de participer physiquement ou en ligne

Un évènement pour mobiliser la Commission européenne

En matière de durabilité, la clé de la réussite des politiques publiques européennes réside dans un maître mot : la cohérence. Sur le plan de l’alimentation, l’Union européenne a le devoir de mettre en cohérence ses différentes politiques : agricole, environnementale et commerciale.

C’est sur cet enjeu de réciprocité, « grande cause » de la Présidence française de l’Union que nous organisons cette discussion cruciale, avec pour objectif d’établir ensemble les standards de production à imposer pour accéder au marché européen.

Nous débattrons avec des représentants de la société civile européenne, des ministres, des eurodéputés, des scientifiques, des avocats, ainsi qu’avec des membres de l’OMC. S’exprimeront notamment :

  • Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation
  • Elisabeth Köstinger, ministre autrichienne de l’Agriculture, des Régions et du Tourisme
  • Luis Planas, ministre espagnol de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation
  • Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT
  • Gabrielle Marceau, conseillère à l’OMC
  • Et 10 eurodéputés, dont Benoît Biteau (Greens), Eric Andrieu (S&D)  et Jeremy Decerle (Renew) pour la France.

La FNH sera représentée par :

  • Amandine Lebreton, directrice du plaidoyer et de la prospective
  • Clémentine Baldon, avocate pour la FNH et co-rédactrice du rapport Mondialisation : comment protéger les agriculteurs et l’environnement ? 

Pourquoi faut-il changer les règles de commerce international ?

Aliments traités à l’atrazine, bœuf aux antibiotiques… aujourd’hui, il est tout à fait légal que des denrées agricoles issues de pratiques interdites en Europe entrent sur le marché européen. Cela concerne l’utilisation de pesticides, les conditions d’élevage, les normes de bien-être animal, les normes sanitaires et les conditions de travail. Les conséquences sont dramatiques :

  • Les agriculteurs et éleveurs européens subissent une concurrence déloyale ;
  • Les importations en Europe ne cessent d’augmenter (+28% en 15 ans). En France, 50% des fruits et légumes consommés sont importés ;
  • La transition écologique du secteur agricole stagne car le différentiel de normes entre les produits européens et les produits importés n’aide pas à agir pleinement. Parallèlement, les accords de commerce tels que conçus aujourd’hui, ouvrent la porte à des demandes d’abaissement des normes européennes par les pays signataires, dans l’objectif de vendre davantage de denrées à l’Europe.

Mondialisation : Pourquoi faut-il changer les règles ?

Comment passer du discours aux actes ? Nos propositions :

  • Une solution globale : faire évoluer les législations européennes par secteur pour impulser l’application de mesures-miroirs
  • Une solution partielle : imposer des clauses-miroirs dans les accords de commerce bilatéraux.
  • Un levier à court terme : inclure des mesures-miroirs dans différents textes qui vont être votés prochainement au niveau européen, comme le règlement contre la déforestation importée.

Les mesures-miroirs c'est quoi ?

Des mesures-miroirs pour exiger les normes UE aux importations

Exiger aux denrées importées les mêmes normes sanitaires, sociales et environnementales qu’aux denrées produites en Europe, tel est l’objectif de notre proposition de mesures-miroirs rendue publique en mars dernier. Six mois après, elle gagne du terrain auprès d’eurodéputés et du gouvernement français, qui s’engagent à la porter auprès de l’Union européenne.

Dans un rapport réalisé avec l’Institut Veblen et Interbev, paru en mars dernier, nous démontrons pourquoi adopter ce règlement est à la fois indispensable pour stopper la concurrence déloyale qui étouffe le monde agricole et préserver le climat et l’environnement. Le 15 juillet dernier, nous avons invité des eurodéputés de différents groupes politiques sur une exploitation afin de travailler sur l’application de ces mesures-miroirs dans les prochains textes européens. La présidence française de l’UE qui débute le 1er janvier 2022 nous en offre l’occasion. Retour sur une rencontre qui s’est avérée fructueuse…

Des mesures-miroirs en Europe : les eurodéputés s'engagent

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28% de produits importés et des pesticides interdits en Europe qui se retrouvent dans vos assiettes

Lentilles au glyphosate, bœuf nourri aux farines animales… L’Union européenne importe des denrées alimentaires issues de pratiques interdites en Europe et cela en toute légalité. Les conséquences :

  • les agriculteurs européens subissent une concurrence déloyale,
  • les consommateurs encourent des risques sanitaires,
  • la transition écologique est ralentie car non seulement les normes environnementales n’évoluent pas à la hausse, mais sont aussi revues à la baisse dans certains cas pour faciliter l’entrée de produits sur le marché européen.
Mondialisation : comment protéger l’environnement et les agriculteurs ?

L’absence de réciprocité dans les normes a encouragé l’augmentation des importations : + 28% en 15 ans. En France, 50% de nos fruits et légumes sont importés, au détriment de la production locale. Les eurodéputés Anne Sander, Arnaud Danjean (Parti populaire européen), Marie-Pierre Vedrenne, Jérémy Decerle (Renew) et Benoit Biteau (Les Verts) l’ont bien compris : mettre en place des mesures-miroirs est une urgence totale pour accélérer la transition écologique et sauver les agriculteurs européens.

Les eurodéputés engagés à pousser les mesures-miroirs

Le témoignage de Guillaume Perrot, éleveur en Bourgogne Franche-Comté et les deux heures de discussion entre les eurodéputés, la FNH, l’Institut Veblen et Interbev, ont porté leurs fruits : tous les 5 s’engagent à pousser des mesures-miroirs lors de la présidence française de l’UE et dans les textes qui seront votés prochainement notamment :

  • La stratégie déforestation importée, dont l’objectif est d’interdire les importations de denrées qui accentuent la déforestation dans des pays tiers (comme l’huile de palme…).
  • La directive sur l’utilisation durable des pesticides, qui vise à mettre en place l’objectif européen de -50% voté dans le Green Deal (Pacte Vert).

Par ailleurs, les eurodéputés Eric Andrieu, Sylvie Guillaume et Raphaël Glucksmann du groupe S&D ont rejoint les 5 eurodéputés déjà engagés, pour signer à nos côtés une tribune parue dans le Monde. Nous y soulignons l'importance de mettre en place cette protection essentielle pour les agriculteurs et l'environnement, que sont les mesures-miroirs.

« Les mesures-miroirs sont importantes pour deux choses : pour introduire plus de durabilité ailleurs qu’en Europe, tirer vers le haut d’autres pays sur les mêmes standards de l’Union européenne, qui elle est déjà très engagée. Aussi pour nos agriculteurs : il ne faudrait pas qu’ils se retrouvent en distorsion de concurrence face au reste du monde ». Anne Sander, eurodéputée groupe Parti populaire européen

« Aujourd’hui, avec les mesures-miroirs, nous avons des propositions bien construites, intéressantes techniquement et juridiquement, qui permettront de progresser. » Arnaud Danjean, eurodéputé groupe Parti populaire européen

« Le président de la République et le ministre de l’Agriculture en ont pris l’engagement. On va faire en sorte de leur rappeler cet engagement pour que ces mesures-miroirs avancent pendant la présidence française de l’Union européenne qui commence début janvier 2022. » Benoît Biteau, eurodéputé groupe Les Verts

« On voit qu’il y a une communion à l’échelle française, maintenant nous devons convaincre à l’échelle européenne et trouver les voies et les moyens pour faire en sorte que ce positionnement-là devienne celui de toute l’Union européenne. » Marie-Pierre Vedrenne, eurodéputée groupe Renew

« On vient de renégocier une réforme de la PAC pour l’agriculture européenne de prochaines années et cela paraît donc important, au vue des règles que nous avons remises en place, de faire en sorte que ce qui sera fait par les agriculteurs européens ne soit pas pénalisé par une production agricole venant d’autres pays. » Jérémy Decerle, eurodéputé groupe Renew

Des avancées majeures depuis la publication de notre rapport

  • Emmanuel Macron s’est engagé à faire des mesures-miroirs une priorité pour la présidence française de l’UE, lors de l’ouverture du Congrès Mondial de la Nature organisé à Marseille :

Notre politique commerciale doit porter des clauses miroirs sur le plan climatique et sur le plan de la biodiversité. Cela, c'est ce que je veux que la présidence française, aux côtés de nos partenaires avec la Commission, puisse porter. Nous devons réinventer nos politiques commerciales pour qu'elles soient cohérentes avec nos politiques climatiques, avec nos politiques de biodiversité. C'est une nécessité.

Emmanuel Macron

  • Clément Beaune, Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a pris plusieurs engagements par rapport à la politique commerciale européenne, lors du talk organisé par le Think Tank FNH le 7 juillet dernier. Par exemple : l’application de mesures-miroirs basée sur l’ensemble des méthodes de production ou la fin des importations de viande issus de bovins traités avec des antibiotiques activateurs de croissance.
[Replay] Débat : Comment garantir un avenir aux agriculteurs tout en protégeant l'environnement ?
  • Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, s'est engagé dans une tribune, parue dans le Figaro le 3 octobre dernier, cosignée avec son homologue espagnole et autrichienne à réformer la politique commerciale européenne, notamment en instaurant des mesures-miroirs.
  • Janusz Wojciechowski, Commissaire européen à l'Agriculture, a lancé un rapport pour étudier la faisabilité d’appliquer des mesures miroirs sur les sujets sanitaires, environnementaux et de bien-être animal aux produits importés qu’il rendra en juin 2022.

Bio importé ou local conventionnel : quel est le meilleur choix pour des courses responsables ?

Parfois perplexe devant les rayons au moment de faire vos courses ? Au quotidien, pas toujours facile de faire les bons choix. Les fruits et légumes, faut-il les choisir bio importés ou locaux en agriculture dites conventionnelles ? On vous aide à y voir clair.

Bio et local

 

Bilan santé et pesticides du bio versus le local conventionnel

Le bio a un net avantage sur le conventionnel : il est meilleur pour la santé car il ne contient ni pesticides, ni intrants chimiques. En monoculture, le conventionnel appauvrit les sols et doit avoir recours aux engrais et autres traitements pesticides pour maintenir des rendements élevés. Ces intrants nous empoisonnent et dégradent l'environnement.

Bilan carbone du bio importé versus le local conventionnel

Le bio importé nécessitant un transport par avion, du stockage et de la réfrigération depuis le bout du monde (pour exemple : citrons d'Amérique du sud et haricots verts d'Afrique) a un bilan carbone bien plus lourd qu'une production Française en conventionnel et en régions. 

Par contre, les produits locaux en conventionnel, s'ils sont vendus hors saison sont à leur tour plus émetteurs de gaz à effet de serre. Prenons l'exemple des tomates : même vendues en circuit court mais cultivées l'hiver, en Bretagne, sous serre chauffée, elles affichent un bilan carbone supérieur à celui de l'importation et du transport depuis les pays du sud de tomates bio produites à l'air libre.

Conclusion : Il ne faut acheter que des fruits et légumes de saison. Et la culture biologique n'est vraiment écologique que si elle reste dans une démarche locale ET saisonnière. 

 

Bon à savoir
Devant l'extraordinaire croissance de la demande, attention aux dérives du bio dans la grande distribution qui, pour baisser les prix, importent des produits moins coûteux (main d'œuvre étrangère saisonnière sous payée) et ne répondant pas toujours aux mêmes exigences (normes difficiles à contrôler). A noter également une irrigation intensive qui met en danger les réserves hydriques et impacte l'approvisionnement en eau dans ces régions.

Lire aussi notre article "Pour des courses responsables : est-il préférable d'acheter en conserve ou au rayon surgelés ?"

Pour approfondir le sujet

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